Envoyer à un ami | Version à imprimer | Version en PDF

Protectionnisme commercial : l'exemple américain

par Moncef Wafi

Au G20 de Hambourg, il a été question du sujet polémique de l'heure, le protectionnisme commercial. Si depuis l'avènement de Trump et son slogan «l'Amérique d'abord» les Etats-Unis inquiètent le reste du monde, un compromis entre condamnation du protectionnisme et droit à se défendre aurait été trouvé avec Washington. Le G20, qui a fait de la lutte contre le protectionnisme une ligne de conduite, a été obligé de faire des concessions aux Américains à travers l'usage «d'instruments légitimes de défense commerciale». Cette ligne de défense peut-elle être élargie au cas de l'Algérie ?

En juin dernier, Bruxelles avait épinglé notre pays sur cette question dans son rapport annuel sur les obstacles au commerce et à l'investissement. La Commission européenne reproche à l'Algérie la mise en place de deux nouvelles mesures protectionnistes en 2016 afin d'augmenter sa production locale «dans un contexte de dégradation de son compte courant et de sa balance commerciale». Bruxelles voit d'un mauvais œil la mise en place du régime de licences d'importation qui a eu des conséquences directes sur nombre de secteurs d'activité aussi bien en France qu'en Espagne, impactant négativement les exportations de véhicules en provenance de l'Union européenne.

Pourtant, ce n'est pas la première fois que l'Algérie est interpellée sur cette question. De Hangzhou en Chine, où les dirigeants des 20 pays les plus puissants de la planète se sont réunis en 2016, l'Algérie avait déjà été mise en joue, enfin pas directement mais faisant partie de ces pays qui ont érigé le protectionnisme comme mode de gouvernance économique. Face à la chute drastique des recettes des hydrocarbures induite par la dégringolade des prix du baril de pétrole, l'Algérie n'avait pas trouvé d'autres solutions que de blacklister entre 1.700 à 2.000 produits interdits d'importation pour lutter contre l'érosion de ses réserves de change.

La décision du ministère du Commerce de suspendre toutes les importations des produits finis avait fait réagir les partenaires économiques, surtout européens. Il a fallu que Tebboune, alors ministre par intérim du Commerce, distribue les assurances pour le respect des engagements contractuels de l'Algérie, à commencer par ses accords avec l'Union européenne. Si les Américains ont le choix des armes et la force de leur côté, il en est autrement chez nous où les lobbies des affaires manœuvrent pour faire échouer les décisions prises pour sauver l'économie nationale.