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Que nenni !

par Moncef Wafi

Les Algériens sont-ils concernés par toutes les tractations autour de la formation du nouveau gouvernement sous la houlette du nouveau-ancien Premier ministre, officialisé à son poste par le SG du FLN ? Que non. La guéguerre entre Soltani et Makri pour la participation du HMS à ce même gouvernement intéresse-t-elle les citoyens ? Que non. Le nom du président de l'APN tient-il en haleine le peuple ? Que non. Les appels au viol électoral des partis qui ont cautionné le scrutin en y participant nous émeuvent-ils ? Que non.

Des réponses forcées, données par près de 65% des électeurs qui ont dit non au vote, qui ont dit non au système, aux partis politiques et à tout le cirque médiatico-propagandiste qui a entouré le rendez-vous électoral. Les Algériens ont surtout refusé de cautionner un parlement, coquille vide ou tambour de résonance, qui va encore les enterrer un peu plus. Les Algériens en tournant le dos à ce scrutin, comme à d'autres auparavant, ont dit non au pouvoir, à l'opposition, aux visages connus et anonymes de la politique. A une semaine du Ramadhan, ils sont plus tournés vers la mercuriale du marché du coin que branchés sur la cuisine politicienne des partis. Ils savent pertinemment qu'aucun changement n'est à espérer tant que le statu quo est le premier levier de vitesse du pouvoir en place.

Cette ankylose qui plombe le présent du pays, hypothéquant ses chances de sortir de la crise, trouve ses preuves dans la reconduction des mêmes hommes qui ont failli à diriger l'Algérie. Comment se fait-il qu'on s'obstine à recycler les mêmes profils qui ont échoué dans leurs missions donnant l'image d'un pays aux ressources humaines limitées ? Pourtant, ce ne sont pas les «cerveaux» qui manquent, des spécialistes émérites qui font le bonheur des pays étrangers parce que marginalisés par la mère patrie. Le problème algérien n'est ni dans la crise économique ni dans les institutions, il est dans la gestion des ressources humaines et dans le choix des hommes de pouvoir.

Les Algériens ne sont plus à demander des comptes, conscients qu'aucun haut responsable ne les rendra, sinon gare à l'effet domino, mais demandent seulement à ce qu'ils soient dirigés par des compétences, si cela se trouve évidemment. L'intrusion de l'argent «sale» dans la politique et l'émergence de beznassas dans la sphère décisionnelle ont fini par, définitivement, clochardiser l'image du pays et de creuser un peu plus profond le fossé qui existe entre le peuple et ses institutions actuelles.