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Des hausses inexpliquées ?

par Mahdi Boukhalfa

Officiellement, les nouvelles taxes et autres hausses des taux des taxes introduites dans la loi de finances 2017 doivent apparaître dans les semaines et mois à venir, et permettre à l'Etat d'améliorer l'assiette des recouvrements de la fiscalité ordinaire. Le gouvernement escompte pas moins de 3000 milliards de dinars de recettes fiscales pour compenser la chute de plus de 16% des recettes de la fiscalité pétrolière. Mais, sur l'autre versant, côté marché, côté mercuriale, les prix et les tarifs de produits de large consommation et de prestations sont, comme qui dirait, à la dérive, sans orientation, mais avec bien sûr un renchérissement bien visible sur le porte-monnaie des Algériens. Des hausses sont enregistrées pour plusieurs produits de large consommation dont les produits agricoles frais, en dépit des avertissements, assurances et campagnes d'explication du gouvernement.

L'exemple le plus expressif de ces hausses inexpliquées, encore moins ordonnées, vient du secteur des transports où les tarifs ont été augmentés du jour au lendemain de 10 DA. Réaction étonnée du ministère de tutelle, qui remet de l'ordre dans la tarification des transports urbains et longues distances, mais avec d'énormes concessions sociales. Sur les marchés des fruits et légumes, c'est la flambée. Le fait est que les hausses des taxes les plus importantes contenues dans la loi de finances 2017 ne sont pas directement visibles pour les citoyens, mais plutôt pour les opérateurs économiques et les grandes entreprises, dont le chiffre d'affaires sera impacté, mais qui vont répercuter ces hausses de taxes sur les tarifs de leurs produits. Certes, l'Etat a exonéré de la hausse de la TVA les produits de large consommation, c'est-à-dire le panier des produits subventionnés (blé, sucre, huile, farine, semoule, médicaments), mais appliquera sans états d'âme les hausses pour les autres produits alimentaires ou agro-industriels. Toute la gamme des ?'jus et boissons'' va connaître une hausse de sa tarification, les produits agricoles seront également impactés par la hausse des tarifs des carburants, autant par un renchérissement des tarifs des transports que par une augmentation des coûts de production liés à la consommation de gas-oil par les machines agricoles. Ce serait vraiment un non-sens économique et un mensonge politique que de dire que la hausse des taux des taxes, pas seulement la TVA, ne vont pas provoquer un renchérissement des prix et donc, comme l'ont prévu les experts, une hausse de l'inflation.

Dans le panier de ces taxes, il y a celles nouvelles, comme la taxe sur l'efficacité énergétique applicable aux produits électroménagers importés, les pneumatiques, les tabacs, ce qui, à court terme, c'est-à-dire dans six mois, va produire une série de hausses des prix des appareils fonctionnant à l'électricité, de la TV, des machines à café, du ?'frigo'' à la simple ampoule LED. C'est comme si les autorités financières veulent provoquer un raz-de-marée fiscal, mais, pour autant, sans en contrôler les ?'terminaux''. C'est-à-dire imposer en aval un contrôle permanent des prix sur le marché et, surtout, amener les professionnels et les artisans-commerçants à respecter les règles du jeu, pour éviter l'anarchie, les hausses sauvages de prix et, fatalement, gérer socialement mais surtout politiquement ce trou d'air de l'économie nationale provoqué par une perte de recettes pétrolières évaluées à plus de 30 milliards de dollars en 2016. Ce qui, à contrario, impose à l'Etat de mettre ses bottes pour descendre sur le terrain et faire respecter sa politique des prix là où il doit le faire, et en même temps maintenir la confiance des Algériens, avec une meilleure communication sur les défis et les enjeux sociaux de ces hausses fiscales. En toute transparence. Sans a-priori.