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Une information fuitée au bon moment

par Kharroubi Habib

De l'avis d'experts des questions sécuritaires, la restructuration des services de renseignement opérée par étapes par le chef de l'Etat et dont l'ultime est la dissolution du DRS a été rendue indispensable par la nécessité de les adapter à faire face aux menaces externes et internes dont les natures évoluent de façon complexe. Ces mêmes milieux considèrent par conséquent que les changements opérés dans le secteur du renseignement et de la sécurité sont «normaux» et «naturels». Ce dont ne sont pas convaincus les détracteurs de la restructuration opérée par Bouteflika qui y voient une opération à laquelle il aurait eu recours pour casser le DRS dont la puissance faisait de l'ombre à celle de l'institution présidentielle qu'il incarne.

Paradoxalement, ceux qui font cette lecture de la raison qu'aurait eue Bouteflika de restructurer les services du renseignement et d'en changer les cadres dirigeants sont ceux-là mêmes qui dénonçaient cette toute puissance dont jouissait le DRS et qu'il utilisait pour peser d'un poids considérable et étouffant sur la vie politique algérienne et pas seulement. Il est probable que la considération de mettre fin à l'état de pouvoir concurrent du sien qu'était le DRS a fait partie de celles dont Bouteflika a tenu compte pour procéder à sa restructuration puis à sa dissolution. Mais c'est lui faire mauvais procès de considérer qu'il n'a été mû que par elle.

Il y a de la cohérence tout de même dans la réforme à laquelle il a procédé et que saluent des experts qui pourtant ne débordent pas de sympathie à son égard. Ce qu'ils trouvent positif dans cette réforme est : qu'elle débouche sur une centralisation du renseignement qui permet le partage de l'information en temps réel et qu'elle clarifie sous l'autorité de qui les services du renseignement algériens travailleront désormais. La direction des services de sécurité (DSS) mise en place en lieu du DRS est sous la coupe directe du président de la République. Selon des sources, si Bouteflika a tenu à clarifier l'équivoque quant à la tutelle devant laquelle les services de renseignement sont désormais comptables, c'est pour signifier sa volonté sincère de conduire à son terme le processus de démocratisation et d'émergence de l'Etat de droit dont son avant-projet de révision de la Constitution balise les contours.

Ce n'est pas assurément un hasard que l'information sur la dissolution du DRS a été fuitée en plein débat sur l'avant-projet de révision de la Constitution duquel il ressort qu'ils sont nombreux les Algériens à être sceptiques voire même sans aucune illusion sur la conversion de Bouteflika en partisan résolu de la démocratisation et du respect des droits et libertés de la société et des citoyens.

Elle a été opérée pour donner à comprendre que c'est pourtant tel est le cas et que Bouteflika serait dans une démarche qui vise à démanteler peu à peu les dispositions qui ont permis aux services de renseignement de faire également fonction de police politique. Pour désarmer les sceptiques, il lui faut néanmoins prendre d'autres décisions dans ce sens confirmatives que l'ère de la police politique en Algérie fait désormais partie de son passé.