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Géopolitique : l'Algérie est-elle dans l'œil du cyclone occidental ?

par Abdellatif Bousenane

Après la signature avec Obama d'un partenariat stratégique qui peut aboutir sur une base militaire, la Tunisie accueille un Sarkozy qui parle d'un air très étrange ! Il menace franchement l'Algérie ! Que prépare l'Occident à partir de la Tunisie ?

En visite en Tunisie, «l'américain» comme on le surnomme ne va pas par quatre chemins, il attaque aussitôt dans une déclaration à la presse : «La Tunisie se trouve entre deux pays.... l'Algérie et la Libye.... elle n'a pas choisi sa position !....».

Il tourne vers ses accompagnateurs avec un sourire narquois et plein de mépris, il évoque l'Algérie : «Qu'en sera-t-il dans l'avenir ? Et son développement ? Sa situation ? C'est un sujet qui doit être traité dans le cadre de l'Union de la Méditerranée ? ?.». M, Sarkozy parle de l'Algérie comme-si elle était en guerre ! Il la compare à la Libye ! Il alerte l'Occident du danger Algérie ! De la menace d'un pays qui devient de plus en plus incontrôlable. D'un aire moqueur, très arrogant et dans une approche néocolonialiste il appelle à réfléchir sur le sort de l'Algérie!

BISMUTH OU L'INCARNATION DU MAL :

Monsieur Nicolas Sarkozy est-il au courant d'un plan qui se prépare contre notre pays ? Le chef de file de la droite dure n'est pas un banal politique de l'opposition française mais il est l'ancien chef de l'État, c'est l'un des instigateurs de la guerre contre la Libye et on sait très bien ses fortes convergences avec les plans géostratégiques de l'OTAN. Sa fidélité implacable à Israël, il le dit explicitement, il est aussi l'un des admirateurs de la théorie du choc de civilisations sans oublier bien évidement son attachement au grand mensonge de l'Algérie française et donc sa haine trop affichée envers l'Algérie indépendante et surtout souveraine. Il fait partie en fait d'une frange de politiques français et occidentaux d'une manière générale très arrogants, voire racistes, ceux qui croient à la supériorité de l'homme occidental sur les autres hommes et donc il doit les dominer sans relâche y compris par la force des armes. On peut supposer que ses propos ne sont que des manœuvres politiciennes qui visent à satisfaire une clientèle classique de la droite surtout une partie des pieds noirs, l'extrême droite et tous les nostalgiques du passé colonial de l'Hexagone. Cependant, la résistance de l'Algérie au grand projet géopolitique qui lui tient à cœur, l'union pour la Méditerranée, nous alerte sur le réel danger qui guette notre pays. Car, le premier objectif de ce stratagème est d'élargir la normalisation des relations de tous les pays de cette région avec Israël, le centre de gravité de la géopolitique occidentale, puis d'imposer l'idée du nouvel ordre mondial ou le gouvernement mondial à cette échelle, la Méditerranée. Comme on le prépare dans l'Union européenne, l'exemple grec est largement symptomatique !

Monsieur «Paul Bismuth», un faux nom choisi par lui-même afin d'esquiver les écoutes téléphoniques de la police judiciaire dans le cadre de ses multiples affaires de corruption, n'est pas le seul sur ce terrain-là, ce qui rend notre inquiétude beaucoup plus envisageable, puisqu'il fait partie d'une tendance assez puissante dans les rouages des pouvoirs politiques dans la civilisation dominante. La tentation de faire de la Libye l'Afghanistan de l'Afrique du Nord, les bases militaires de l'OTAN qu'on veut implanter autour de l'Algérie, en Espagne, probablement en Tunisie et l'exploitation du conflit au Sahara occidental pour transformer les appareils de l'État marocain en une machine très hostile à l'égard de notre pays.

VA-T-ON VERS L'IRRATIONNEL ?

Nous avons évoqué lors de nos précédentes publications au Quotidien d'Oran que, d'un point de vue raisonnable, l'Occident n'a pas intérêt à déstabiliser l'Algérie pour plusieurs raisons (la lutte anti-terroriste, la forte présence de l'immigration algérienne en France, le gaz naturel, la sécurité du Maroc, et d'autres considérations sociétales notamment culturelles). Mais, dans le même temps, il n'acceptera jamais l'émergence d'une superpuissance d'un pays arabe d'une telle taille, le plus grand pays en Afrique, la deuxième puissance économique et militaire après l'Afrique du Sud et la deuxième puissance arabe après l'Arabie saoudite ( en matière de PIB) sans rentrer dans des indices plus qualitatifs le constat est là, l'Algérie a des potentialités énormes pour qu'elle devienne une très grande puissance surtout avec les nouvelles découvertes de réserves gigantesques d'énergies non conventionnelles qui la classent en troisième ou quatrième place mondiale selon les sources. D'autant plus que ce même pays refuse toujours et systématiquement les stratégies des dominants dans la région : refus des bases de drones européennes, refus des bases militaires pas seulement sur son sol mais aussi sur ceux de ses voisins, refus de participation dans toutes les guerres initiées par l'OTAN, inimitié avec l'État hébreu qui représente un élément essentiel dans la géopolitique occidentale, en plus sa participation dans la recherche des solutions pacifiques qui ne vont pas forcément dans le même sens de l'agenda atlantiste. Franchement ! l'Algérie est un pays qui commence à déranger et pas seulement Sarkozy !

De ce fait, la civilisation dominante va-t-elle choisir le pire ? En optant pour l'irrationalité ? En suivant l'instinct sauvage des faucons de la politique ? Ou va-t-elle choisir une solution médiane c'est à dire éviter la confrontation directe trop risquée avec un pays, le nôtre, qui reste spécifique sur plusieurs registres, par son histoire révolutionnaire, par la doctrine de sa politique étrangère, par la conscience collective de sa population qui reste largement attachée à la souveraineté et l'indépendance et donc la réplique de ce peuple serait très redoutable et aussi irrationnelle que l'attaque des fous furieux adeptes de la politique du pire. Par conséquent, le choix sera peut-être pour une méthode beaucoup plus maligne qui consiste à freiner ce développement par la création de difficultés intérieures d'ordre politique et économique. Dans tous les cas, la volonté de contrôler davantage cette région est palpable. Il y a suffisamment d'indices qui vont dans ce sens mais la vraie question reste : la forme de cette ingérence ?

Néanmoins, l'expérience des Algériens, officiels et population, et leur connaissance profonde de ce qui se trame dans la région ne va pas faciliter la tâche aux arrogants. Incha Allah !