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Des noms d'oiseaux pour des «commis politiques» !

par Slemnia Bendaoud

Guerres des mots, guerres de clans ! Le «radeau» du grand temple d'antan de l'ex- parti unique chavire de cette rive à cette autre. Une aile est en guerre déclarée contre une autre.

Ce monde-là défie celui-ci. Un mouvement de panique s'empare désormais de l'auguste citadelle qui sert de véritable paravent au pouvoir de l'ombre.

L'équipe en place craint d'être déplacée, d'être remplacée illico presto, incessamment virée. Elle a peur d'être immédiatement renversée, vite remerciée, sans façon déclassée. Dans la pure tradition de cet appareil qui régente depuis longtemps un pouvoir chancelant, arrivé à la limite de ses forces et ruses hypocrites.

L'antre des apparatchiks bouillonne. Il frissonne de cette fièvre chaude qui l'érode ! On y échafaude toute sorte de plans macabres, de sales besognes. On y déverse également toute sa sève, éjecte son mièvre glaive, manifeste en force sa misère de colère. Sur l'autre : celui soupçonné de virtuellement nous succéder.

Sinon sur cet autre personnage, jugé comme justement insatisfait d'avoir à céder de son propre gré à ce gros calibre sensé le remplacer au pied levé, afin de pérenniser un système arrivé au bout du rouleau, mais qui refuse manifestement de croire à une fin de règne qui l'affole et le désole.

De fait, donc, ces « commis politiques » se « taillent la croupière » mutuellement dans ce traditionnel jeu de coulisses qui prolonge la vie d'une gouvernance, en quête permanente de sa propre métamorphose, de manière à coller autant que faire se peut à l'actualité sans avoir à vraiment faire sa mue.

A coups de vils quolibets, serviles manœuvres, de violentes expressions, venimeuses flèches et de versatiles projectiles, Ammar Saâdani annonce la couleur pour signifier sa grande rage. Y jetant sa merde de fiel à la face de son prédécesseur, pelotonné dans le manteau de ce « possible successeur », éternel redresseur, au pantin encore en poste.

Tout ce très « hautin baratin » de bas étage et « langage de véritables crétins », astucieusement jeté ou malicieusement et très méchamment projeté à la face de ce « pion d'espion », voulant jouer le rôle de véritable concurrent à celui ayant investi les hauts lieux de ce temple par effraction, ne produit plus que ces médiocrités politiques dont la nation a le devoir de faire l'économie, en signe de sauvegarde de la mémoire envers ceux qui ont tout sacrifié pour l'indépendance du pays.

Ni l'éthique politique, ni même le bon sens et la réserve obligatoire dans l'exercice déontologique de toute gouvernance que doivent observer les dirigeants et autres hauts responsables d'une quelconque nation, n'autorisent vraiment à la pratique de cet abject sens de communication qui renseigne, en premier lieu, sur la qualité et valeur intrinsèque de celui qui le débite en public, et en fait usage mais surtout moyen de défense, au mépris des règles et bonnes mœurs en la matière.

Lui choisir tous ces vilains noms d'oiseaux de mauvais augure, comme qualificatifs ou réels superlatifs à ces « soupçons d'actes » dont Abdelaziz Belkhadem en serait l'auteur, n'a pourtant pas suffi à apaiser la fureur de son successeur pour, en retour, lui signifier en guise de réplique tout ce très dense chapelet d'insultes et vulgaires grossièretés indignes de son rang, puisque non conformes aux usages de la grande communication.

Nullement habituée à cette prise de bec acharnée entre deux petits volatiles, se prenant de surcroît pour deux véritables coqs du village, aptes à honorer leur combat envisagé, dans cette très sombre atmosphère de grands commérages, la pseudo-classe politique algérienne se trouve malheureusement dépassée par les évènements, ne sachant plus où donner de la tête et qui soutenir dans sa logique action d'extermination de l'autre, son concurrent du moment.

Circonspecte et la mine complètement défaite, cette dernière assiste médusée à ce chassé-croisé entre deux pantins qui s'entremêlent les pieds dans leur zèle qui consiste en cette offre de service à faire ce sale boulot de vassal du régime, sans même parfois qu'ils soient tout particulièrement désignés pour effectuer ces misères de missions suicidaires !

En de véritables courtisans de la grande maison, ils sont tous prêts à vendre leur âme au Grand seigneur, selon son humeur matinale, quitte à tout le temps se placer à contre-courant de l'histoire du pays et des bonnes mœurs de leur tribu d'origine ou cercle de mouvance restreint.

Ces « commis de la politique politicienne » sont très conscients que cet enjeu dangereux qui consiste à véritablement préparer et surtout baliser le terrain de jeu à ce pouvoir qu'ils courtisent et servent sans la moindre réserve, les met si souvent en porte-à-faux avec les bonnes valeurs humaines et autres règles de la déontologie politique qu'ils foulent des pieds sans vergogne. Tels des oiseaux de mauvais augure, ils chantent ces « anciens tubes rayés et désuets», tous en net déphasage avec l'actualité ou dépassés par le temps, que produit à profusion et dans la totale confusion la langue de bois qui cherche à pérenniser cette vieille mentalité qui défie la logique de l'évolution naturelle de l'histoire des sociétés humaines.

Ces suppôts du diable, même mis à l'écart pour un jour ou pour toujours, sinon définitivement enterrés et affichés en hors course, ne cessent de tout le temps proposer leurs mesquins services à un pouvoir vacillant, titubant, dans l'espoir de lui subtiliser autant que de besoin quelques petits galons, miettes de galettes, comme signe de bonne servitude de leur part au profit d'un régime dont ils auront à satiété profité de ses nombreuses largesses.

Solidement agrippés, à intervalle de temps plus ou moins long, à cet ascenseur de la promotion qui fonctionne dans le seul sens vertical de son mouvement, ils éprouvent tous ce grand vertige au moindre bruit qui fait basculer cet appareil censé les promener très haut au sein de cette hiérarchie du pouvoir. Cependant, celui ayant connu dans sa vie professionnelle une quelconque éjection de cet ascenseur de la providence se rappelle très bien les réelles causes de sa propre déconvenue, pour en revanche travailler à toujours s'éloigner des zones de turbulences qui risquent de le mettre à nouveau dans la wagon des disparus ou laissés pour compte.

Comme réflexe légitime à cette permanente crainte, on s'arrange donc toujours à descendre en flammes l'autre pantin, l'autre poulain, l'autre félin, le serviteur le plus zélé, l'opportuniste jugé comme très doué dans ces sournoises manœuvres de nature à renverser les tendances et situations.

Ainsi, celui déjà arrivé tout à fait en haut de la pyramide de l'immeuble ne pense plus qu'à bloquer cet appareil au niveau de cet étage atteint au prix de tous les subterfuges et moult pirouettes à vous donner le tournis.

A ce niveau-là, il n'y a ni renvoi d'ascenseur, ni perche à tendre aux autres, ni même quelconques remerciements à formuler à ceux qui ont eu cette ingénieuse idée de le propulser un jour très haut au sein de cette voûte céleste de la haute gouvernance du pays et de la nation. Celui qui y arrive par effraction ne pense finalement et bien décidément qu'à vite fermer la porte d'accès devant les autres, de sorte à toujours les prendre de haut. Les narguer de loin. Les défier à distance. Entre Sire Saâdani et Maître Belkhadem, cette guerre larvée est déjà depuis longtemps déclarée. Leur agitation du moment ne fait -par conséquent- que prouver à l'opinion publique ces grands tourments qui font chavirer leur embarcation pour atteindre l'objectif tracé et éloigner l'autre de son chemin ou port d'échouage.

Raison pour laquelle ils gesticulent, à longueur de temps spéculent, mais ne reculent jamais devant ces défis personnels à lancer ou à relancer, afin de triompher du concurrent, le matant à jamais ou l'envoyant au tapis, le pourchassant à trépas.

Si le premier est bien conscient qu'il y a vraiment péril en la demeure, le second est plutôt persuadé de cette impérieuse nécessité de tenter à nouveau de reprendre les commandes de cette embarcation qu'il n'aurait jamais dû quitter.

Entre la frousse terrible du départ imminent du premier-cité et cet hypothétique retour envisagé du second-nommé, l'ex- parti unique est convié à étaler en public toutes ces saletés politiques qui n'honorent en rien leurs auteurs qui se font traîner l'un l'autre dans la boue.

Bien plus que cela, leur comportement malsain démontre -on ne peut mieux- tout le sens donné à la déliquescence des affaires de l'état du pays et de la nation algérienne.

Lorsque le flux de la vague ne peut atteindre dans son élan le pied ou rebord du quai, le vent soufflant bien évidemment dans le sens opposé, c'est donc manifestement tout l'équipage de la pirogue qui craint cette inévitable chute au milieu du gué. Voilà donc où peut mener cette très dangereuse nage tentée à contre-courant de l'Histoire. De grâce donc, les fondateurs de ce sigle aux trois lettres gravées en ce métal précieux de l'histoire algérienne, pris de rage, ont tous les droits de se retourner dans leurs tombes !