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24 Février et l'après-pétrole : diagnostic biaisé

par Abdellatif Bousenane

À cet anniversaire plein de symboles pour notre jeune État-Nation, la question de l'après-pétrole ou de notre économie hors hydrocarbures, revient effectivement sur la scène nationale, mais pas de la manière la plus inintelligible afin de trouver des solutions pratiques et efficaces. L'idéologie et le clivage partisan font des siennes, ainsi le bon sens et le vrai diagnostique sont aussitôt renvoyés aux calendes grecques.

Lorsqu'on est malade, on cherche par tous les moyens possibles le bon médecin, le meilleur parmi les doués. À savoir celui qui fait le bon diagnostique à notre maladie, qui met le doigt sur la plaie, la vraie. Dès lors et en procédant ainsi, le toubib donne à son patient de fortes chances de guérison. En cherchant bien évidement le traitement adéquat à cette pathologie. Néanmoins, la tache sera beaucoup plus compliquée et la guérison devient un objectif pas très limpide, s'il se trompe de diagnostique !

PEUT-ON S'ENTENDRE, AU MOINS, SUR LE CONSTAT ?!

On peut juxtaposer cette métaphore, sans aucun risque de confusion épistémologique, sur la problématique de l'industrialisation de notre pays ou comment peut-on sortir de notre dépendance aux hydrocarbures, ce qu'on appel communément l'après -pétrole.

Faire le bon diagnostique à notre faiblesse industrielle constitue, à mon sens, une bonne partie de la solution. Éviter, justement, les formules toutes faites, les solutions faciles et les généralités simplistes très abstraites, peut éventuellement nous aider dans cette perspective.

Il est très étonnant, en fait, de ne pas entendre suffisamment les spécialistes de la chose industrielle parler d'une variable centrale qui est l'individu. Pas seulement dans sa formation technique mais aussi de sa conscience sur sa propre condition et sa façon de voir le monde c'est à dire sa perception du facteur « temps » et donc sa représentation de la valeur « travail » dont l'impact est direct et décisif sur le rendement et la compétitivité de son produit. Peut-on, de ce fait, avec notre « Habitus » actuel qui est caractérisé par des traits plus handicapants que favorables, faire la concurrence aux chinois par exemple, qui ont défié les grandes puissances industrielles de ce monde telles que la France, la Grande Bretagne...etc. Comment peut-on faire une auto-critique objective en remettant en question plusieurs composantes archaïques de notre conscience collective comme notre compréhension, à titre d'exemple, de la « prédestination » ( El Maktoub), pour comprendre enfin que notre avenir est entre nos mains et qu'il n'y a que notre volonté qui peut agir et changer notre destin avec la bénédiction de dieu ( incha-Allah).

Par ailleurs, il est très frustrant, en fait, de ne pas entendre ces experts évoquer ne serait ce qu'une seule fois, le contexte international, la jungle dans laquelle on vit et de négliger totalement la question de l'hégémonie ! Par conséquent, on fait comme-si l'Algérie est un pays puissant qui peut agir et faire ce qu'il veut sans aucune contrainte ! On n'évoque pas la question du transfère technologique, ni la question des industries interdites pour les pays du sud comme le nucléaire et même quelques industries chimiques très contrôlées par les gardiens du temple libéral. Ni des règles orthodoxes de l'OMC (Organisation Mondiale du Commerce) qui favorisent les intérêts des dominants. Il faut juste signaler que l'Algérie négocie son adhésion à cette organisation depuis plusieurs années, en vain.

Nier cette réalité tangible, c'est vouloir en effet défier « la communauté internationale ». Continuer à narguer les tout puissants en défendant sa souveraineté et en refusant le droit d'ingérence et en même temps espérer d'attirer le tourisme de masse qui est monopolisé par des agences mondiales ou même des investissements directs en bénéficiant de leur savoir faire technologique à grande échelle, c'est d'être d'une naïveté excessive.

En contemplant, en revanche, ce qui se passe autour de nous, dans les pays de notre taille, de notre niveau, on voit rapidement que les gouvernements successifs de gauche comme de droite, des dictateurs comme des démocrates, n'ont pas réussi à créer des économies industrialisées. Ceux-ci représentent 80 % des pays du monde, c'est ce qu'on appel les pays en voie de développement. Parmi eux, les pays pétroliers et gaziers qui continuent ainsi à être très dépendants des hydrocarbures et les autres pays sans ressources énergétiques continuent à être très pauvres. Sauf quelques rares exceptions dont les raisons de leur échappement à cette regèle trouve son origine dans des explications plutôt géographiques.

LE CLIVAGE ENCORE ET TOUJOURS !

Toujours dans ce registre, des initiatives telle que NABNI, ne devrait pas entacher sa démarche par des manœuvres politiciennes, car à force de sombrer dans cette logique, elle prendra inévitablement la configuration d'un réquisitoire contre une partie, qui est dans ce cas de figure l'élite gouvernante. Or, cette initiative aurait pu être beaucoup plus sérieuse et intéressante en évitant de devenir un « Club des ex-du-système » très remontés contre leurs anciens amis dont le but essentiel c'est le règlement de compte, à tort ou à raison, mais cela biaise complètement les bons intentions d'une telle démarche.

Cela nous amène, justement, à évoquer la problématique de l'idéologie. Dans l'idéal ce genre de sujet qui en va de l'intérêt de la Nation, l'intérêt de nous tous, ne doit pas être effectivement l'enjeu d'un débat idéologique ou de politique partisane. Car, le clivage nous enferme certainement dans une compétition qui prend souvent des proportions conflictuelles et donc pas très positives.

La question essentielle, toutefois, c'est notre capacité collective à mettre nos idéaux en marge et s'entendre au moins sur le constat, sur le diagnostique de notre situation économique. C'est-à-dire sur la complexité des causes qui nous ont conduits à cette situation là. Peut-on éloigner, dès lors, ces débats beaucoup plus sérieux des petits jeux politiciens clivants et aux humeurs des uns et des autres ?

Ceci- étant dit, rester dans une position figée sur une posture passive tétanisante et se contenter de gérer une crise séculaire en minimisant au maximum les dégâts, ne donne pas de bonnes perspectives et encore moins d'ambitions. On est là dans une perception très peu attrayante et qui est contraire, tout de même, au projet politique d'une quelconque idéologie.

Cependant, de l'autre coté opposé, nier foncièrement cette complexité interne et internationale de notre situation industrielle actuelle c'est synonyme d'un très mauvais diagnostique qui ne guérira jamais notre pathologie.

TROISIEME VOIE !

Ainsi donc, ce qui est recommander dans de tels cas, c'est de chercher des solutions accessibles dans une perspective de complexité en conjuguant tous ces paramètres liés aux traits socio-psychologiques spécifiques à notre réalité interne ainsi qu'aux contraintes objectives d'une réalité internationale déterministe. En s'alliant, par exemple, avec des pays qui soufrent le plus de cette situation hégémonique tels que la Grèce de Syriza, le Venezuela, l'Iran, le Soudan, le Nigeria...etc. Et en négociant en parallèles avec des pays des BRICS ( Brésil, Russie, Inde, Chine, Afrique du sud) les pays émergents, pour enfin arriver à crée éventuellement une opportunité d'un équilibre qui ressemble à un espèce d'un monde multipolaires comme c'était le cas dans le contexte des année 60/70 là où on en a connu le monde bipolaire pendant la guerre froide. Et donc pour pouvoir négocier d'une position de force avec les puissances occidentales sur des sujets majeurs comme le transfère technologique, l'OMC...etc.

Sans oublie bien évidement le travail primordiale sur l'éducation et la formation de l'individu algérien. Surtout en lui transformant d'une manière radicale sa manière d'apercevoir ce monde, sa conscience sur lui même, sa perception du temps et de l'espace, en la rendant le plus intelligible possible et par conséquent pour sa représentation de la valeur travail. A savoir, pour lui permettre d'arrêter enfin de concevoir les choses autour de lui par les sens et de pouvoir expliciter ainsi son environnement plutôt par son intelligence.