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L'opposition opte pour accentuer ses pressions

par Kharroubi Habib

L'opposition est déterminée à accentuer ses pressions sur le pouvoir pour le contraindre à accepter un « dialogue sérieux et sans préalable » pour sortir le pays de sa crise actuelle. Pour ce faire et après plusieurs réunions et concertations, l'instance de suivi et de coordination (ISCO) dont cette opposition s'est dotée a annoncé qu'elle a décidé de passer à des actions de rue sous la forme de marches et de rassemblements qu'elle compte organiser le 24 février à travers les 48 wilayas du pays.

C'est une démarche à haut risque pour elle à laquelle l'opposition s'est résolue. Elle y est néanmoins forcée car les méthodes auxquelles elle a eu recours jusqu'alors pour se faire entendre du pouvoir n'ont pas provoqué de changement dans son rapport de force avec lui qui l'aurait forcé à prendre en compte ses revendications et propositions de solution. Elle est d'autant forcée à descendre dans la rue car sachant que c'est la seule façon pour elle de démontrer que la plateforme politique qu'elle a conçue a trouvé écho dans l'opinion publique et la société civile. Elle n'ignore pas en effet que le doute s'exprime sur ses capacités en matière de mobilisation populaire, d'où l'obligation pour elle de tenter de porter le débat dans la rue avec l'espoir que ce qu'elle a entrepris solidairement depuis des mois lui vaudra l'adhésion citoyenne qui n'apparaît pas évidente tant qu'elle s'est contentée de se manifester par des réunions d'appareils, des communiqués et déclarations de presse.

Il est indéniable que l'opposition a fait un pas constructif en réussissant à se fédérer et à s'entendre sur un agenda politique. Il lui faut désormais faire la preuve qu'elle a dissipé le discrédit dont elle a durablement été affectée au sein de l'opinion algérienne et est valablement en droit de se poser en alternative reconnue au pouvoir en place. Il lui faut par conséquent tabler pour le 24 février sur une mobilisation populaire conséquente. Faut de quoi elle s'expose à confirmer le jugement fait sur elle par le pouvoir pour qui elle ne serait qu'un conglomérat de sigles partisans dénués d'ancrage populaire et de personnalités politiques mues par l'ambition personnelle.

L'exercice bien évidemment ne va pas lui être aisé car le pouvoir s'emploiera insidieusement à le faire échouer. Il n'hésitera probablement pas à recourir et à l'intimidation et à la répression. C'est là aussi un aspect du défi dans lequel l'opposition a décidé de s'engager : convaincre les citoyens à la rejoindre sans tomber dans le piège de la provocation qui ne manquera pas de se produire. Il lui faut impérativement garder un caractère pacifique à ses marches et rassemblements pour ne pas là aussi accréditer l'accusation du pouvoir la présentant comme déterminée à faire valoir des revendications « irréalistes » quitte à plonger le pays dans l'instabilité et à fracturer la cohésion nationale qu'il se doit de préserver coûte que coûte.