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18 avril, le jour d'après

par Brahim Senouci

Le jour d'après, " the dayafter ", dans l'imaginaire collectif, désigne le lendemain d'une catastrophe telle qu'une guerre atomique, ou la chute d'un méga astéroïde. Ce thème a inspiré plusieurs ouvrages de fiction, tels que le " Ravage " de Barjavel ou la célébrissime " Planète des Singes ". Toutes proportions gardées, le 18 avril prochain ressemble à ce fameux " jour d'après "? Ce jour-là, les Algériens auront voté (ou pas !). La veille au soir, le Ministre de l'intérieur aura égrené les résultats d'une voix morne. Que dira-t-il ?

Scénario n°1 : Il n'y aura pas de deuxième tour. Le Président sortant aura été réélu avec une majorité absolue des suffrages. Scénario n°2 : Il y a ballottage, ce ballottage étant selon toute probabilité extrêmement favorable à ce même président sortant. Autres ? Plus chimériques les uns que les autres, victoire de Benflis au premier tour, retrait des cinq " concurrents " de la compétition, comme en 1999, et puis l'imprévisible?

La campagne électorale s'est déroulée sur fond de protestation parfois violente contre l'idée même de l'éventualité d'un quatrième mandat pour le président sortant. C'est ainsi que des prises de parole de ses représentants (délégués, mandataires ? On ne sait comment désigner cette fonction issue d'une procuration donnée par un candidat absent) ont été empêchés en divers endroits du pays. Même à l'étranger, les meetings de soutien à ce même candidat sont le siège de perturbations et de contestation. Ajoutons à cela la mini guerre civile désormais installée à Ghardaïa et la tentation de la violence, de moins en moins latente et de plus en plus patente, qui s'exprime dans toute l'Algérie. C'est donc dans cette ambiance délétère, ambiance de fin de règne, que la commission électorale rendra son verdict. Quel que soit ce dernier, il risque fort d'être source de violence. On ne peut imaginer les très nombreux contestataires, hostiles au quatrième mandat, replier leurs bannières et reprendre le cours morne de la vie en Algérie. On peut craindre plutôt, ce qu'à Dieu ne plaise, l'embrasement? Il est toujours temps d'arrêter la machine infernale, de faire un rétro pédalage judicieux. L'intérêt suprême du pays doit dicter les attitudes, au-delà de toute autre considération. Ce dont rêvent les Algériens, ce n'est pas de lendemains qui chantent mais de lendemains tout court. Ceux qui n'excluent pas totalement l'idée de servir leur peuple lui doivent le souci de sa sécurité, de cesser d'être pour lui une source d'angoisse permanente. Notre peuple est recru d'épreuves, fatigué du mépris dont il fait l'objet, harassé par le peu de cas qui est fait de son devenir, malade de vois ses ressources et celles de ses enfants être dilapidées. Si ceux qui président à son destin, souhaitent lui rendre un ultime service, c'est de stopper ce processus mortifère et engager un dialogue avec lui pour définir une transition vers une nouvelle république. La marque du courage, c'est de commander aux événements plutôt que d'en être le jouet !