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Le silence n'est plus de mise

par Kharroubi Habib

Avant-hier mardi, Louiza Hanoune estimant qu'un climat inquiétant d'intrigues et de manœuvres entoure l'échéance de la présidentielle a exhorté «officiellement et solennellement» le chef de l'Etat à s'adresser à la nation pour «dissiper le brouillard, pour que se taisent les rumeurs et que cesse le clientélisme». Deux jours auparavant, la responsable du PT avait affirmé que le climat préélectoral est «porteur de dangers, de flou et de suspicions nés d'une crise sans précédent au sommet de l'Etat».

Louiza Hanoune a exprimé ce faisant tout haut ce que la majorité des Algériens ressent au constat d'une situation délétère dans le pays dont il est craint des développements néfastes pour sa stabilité. Il ne fait aucun doute que des milieux dans le pouvoir et leurs ramifications dans la société s'emploient à contrecarrer la perspective d'un déroulement pacifique et serein de la joute électorale en préparation. Ce qui pour Louiza Hanoune est l'indice de cette « crise sans précédent au sommet de l'Etat » à laquelle elle a fait allusion.

A moins que Bouteflika n'ait plus de prise sur les événements, il ne peut persister dans son mutisme et laisser pourrir la situation. Avant elle, nous l'avions interpellé nous aussi pour qu'il dise de quoi il retourne dans cette crise politique dont les Algériens subodorent les enjeux sans en discerner clairement les protagonistes. Louiza Hanoune a absolument raison de rappeler à Bouteflika que le « devoir du premier magistrat du pays est de freiner les dangereux dérapages et de rétablir l'autorité de l'Etat». Nombre d'Algériens partagent son point de vue à la perception du vide occasionné par l'exercice au ralenti de ses fonctions présidentielles par Bouteflika pour cause de son état de santé.

Il est patent que les autorités, Premier ministre en tête, qui se dépensent pour créer l'illusion que tout fonctionne au sommet de l'Etat dans la cohésion et l'unité d'objectifs, ne sont pas parvenues à convaincre d'une telle vision. Plus alarmistes encore que Louiza Hanoune, des milieux arguent déjà que l'élection présidentielle a peu de chance de se tenir à terme échu du mandat de Bouteflika et avancent l'existence d'un scénario en voie de réalisation ayant pour trame la mise en place d'une transition démarrant avec un départ anticipé et « forcé » du chef de l'Etat. Rumeur, intox, fantasme ou annonce d'un développement politique en préparation, à chacun l'idée qu'il s'en fait.

Il est cependant clair que la situation dans le pays inquiète et suscite des interrogations auxquelles seul le chef de l'Etat peut apporter des réponses. Le temps n'est plus aux attitudes et postures dictées par le calcul électoralo-politicien, mais à l'affirmation de l'autorité constitutionnelle de la fonction présidentielle. A Bouteflika d'en faire la démonstration, faute de quoi il se condamnerait comme s'est refusée à le souhaiter Louiza Hanoune à «une fin de parcours dans un contexte catastrophique dans lequel serait menacée la stabilité du pays».