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Tiguentourine, prélude à l'incertitude

par Farouk Zahi

Dans une contribution que nous avons intitulée : « Algérie-Libye?de quoi donner encore du grain à moudre » et publiée par « Le Quotidien d'Oran » dans sa livraison du 11 septembre 2011, nous avons fait référence à deux analyses pertinentes de deux universitaires.

Il s'agit de Mouloud Idir, politologue canadien d'origine algérienne et de Louisa Driss Ait Hamadouche, enseignante à la faculté des sciences politiques et de l'information d'Alger. Les deux contributeurs, le premier par une interview, la deuxième par un point de vue, ont été publiés par « El Watan » du 27 aout 2011. Nous rappellerons, dans le propos, celle du premier nommé compte tenu de l'actualité de la scène nationale : « Comment analysez-vous la position algérienne qui tarde à reconnaître le CNT ? Et quelle place lui sera réservée dans ces bouleversements qui touchent la région ? » Celui-ci, réplique par nous citons : « Je vous rappelle qu'au sein de l'Union africaine(UA) et ce jusqu'à ces derniers jours, seuls le Sénégal et le Botswana ont reconnu le CNT. Dans le cas du Sénégal, le président Abdoulaye Wade lorgnait le soutien de Sarkozy pour tripatouiller la constitution pour se maintenir au pouvoir. Il lui a donc montré patte blanche. Je vous rappelle que même l'Afrique du Sud qui a pourtant appuyé la résolution 1973 du Conseil de sécurité-suite à de grandes pressions de la Grande Bretagne et des Etats-Unis n'a cessé de dénoncer les embuches dressées par l'Otan devant les différentes formes de médiation politique initiées par l'UA. Pour tenir tête aux grandes puissances, il faut être crédible et irréprochable sur le plan interne. L'Algérie entrera dans les rangs, c'est une question de temps. Ce régime a trop à perdre, il a besoin de satisfecit de Paris ». ?.

Le temps et les événements ont donné raison à Mouloud Idir ; l'espace aérien est présentement ouvert à l'armada aérienne occidentale. Mais encore, sommes- nous à l'abri d'une tentative de déstabilisation orchestrée, comme tout le monde le sait, par les islamo-sionistes menée par le Qatar et l'Arabie Saoudite ? L'essayiste franco-suisse et antisioniste notoire, Alain Soral rappelle, sans ambages, que l'Algérie sera la prochaine cible de l'Empire sioniste. La stratégie de stabilisation de « la junte militaire » est inéluctable. Ce régime atypique, doit disparaitre tout comme ceux de Tunisie, d'Egypte et du Yémen, dit-il. Tarek Ramadan qui roule pour le Qatar et qui s'emploie à mobiliser autour de l'objectif les jeunes musulmans issus de l'émigration, ne réussira pas, cependant, auprès de la communauté franco algérienne pour la simple et bonne raison que si celle-ci est profondément musulmane, elle est autant nationaliste ; elle ne lui livrera pas l'Algérie. Nous appelons cette assertion de tous nos vœux.

Quand à Bessam Tahhan, intellectuel français d'origine syrienne, lui qui ne se fait aucune illusion sur les révolutionnaires syriens, mène beaucoup plus loin la réflexion sur l'intervention militaire française au Mali. La guerre menée au Mali, est une guerre énergétique. La France et ses alliés traditionnels du Pacte atlantique, voient d'un mauvais œil, la percée économique de la Chine en terre africaine. Là, où les tréfonds de la terre regorgent de pétrole et où l'uranium affleure le sol, les anciennes puissances coloniales considèrent qu'elles ont un droit de préemption sur les richesses des pays anciennement subjugués. Ces mêmes puissances, s'opposeront par tous moyens, à l'axe économico-stratégique constitué de Pékin, Moscou et Téhéran. L'embargo sur le pétrole iranien ne semble pas affecter le pays des Mollahs ; trouvant preneur en l'Empire du Milieu, il résiste crânement. Par ricochet, la Russie s'empiffre d'avantage en assurant à son pétrole un marché européen de plus en plus vorace. L'empressement de la France d'en découdre avec les bandes islamistes du Nord Mali, participe plus d'un marketing politique local qu'à l'externalisation du conflit. L'opinion française a vite compris que l'interventionnisme français à la solde du sionisme international, n'avait pas pour principal objectif la démocratisation « des sociétés arabes tyrannisées par leurs potentats », mais d'autres desseins inavoués. Le contrôle des richesses minières et leur mise sous scellées par la nébuleuses bancaire spéculative, sont le maitre mot de la recolonisation. Le paradoxe a fait qu'aussi bien en Libye ou qu'en Syrie, actuellement, la France se trouvé entrain de soutenir les barbus. Et c'est là, l'une des belles œuvres de l'islamo-sionisme porté en bandoulière par BHL et Cheikh El Karadoui. Alain Soral, rappelle à l'Algérie qu'elle a déjà fait l'objet de menaces par le lilliputien qatari lors d'une réunion de la ligue arabe à Doha. Sarkozy, a prédit « l'Algérie » pour plus tard. C'est-à-dire, après la Syrie qui est encore sur le métier.

Que pensent les Maliens de cet imbroglio ? Non dupes, ils reprochent à travers leur presse, la position incompréhensible de l'Algérie au vu des menaces qui pèsent sur elle. Pour ce journaliste de Gao, réfugié à Bamako, l'attaque terroriste du complexe gazier d'In Amenas a assurément faussé tous les calculs des autorités algériennes «les Algériens ne s'attendaient sans doute pas à être inquiétés par les émirs du désert avec lesquels, selon plusieurs spécialistes du Sahel, ils auraient des deals. Ils leur ouvriraient des couloirs de ravitaillement en armes, vivres et carburant, entre autres, à condition que les terroristes opèrent loin de leurs frontières, mais surtout qu'ils ne s'en prennent à certains intérêts stratégiques comme le pétrole et le gaz. » Aux yeux du journaliste, il n'est, en outre, un secret pour personne que « des officiers supérieurs algériens auraient des accointances avec des contrebandiers d'armes et de drogue qui ont fait du nord malien et du sud algérien un sanctuaire pour le terrorisme et le crime organisé ». ( El Watan du 22/01/2013)

Le mot est lâché « ?des officiers supérieurs algériens? ». Encore eux, après le « Qui tue qui ? », voici les généraux dealers. Et cela, ne peut être qu'un avis suriné en voix off. Alain Sorel a bien parlé de junte militaire, et va jusqu'à dire qu'il ne prophétise pas en parlant de la prochaine déstabilisation de l'Algérie.