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Palestine : une euphorie à l'épreuve du défi israélien

par Kharroubi Habib

Il y a eu explosion de joie et de satisfaction en Cisjordanie mais aussi à Gaza à l'annonce du vote de l'Assemblée générale de l'ONU accordant à la Palestine le statut en son sein d'Etat observateur non membre. Mahmoud Abbas qui a œuvré à la concrétisation de cet événement «historique» a été accueilli dans la liesse par ses compatriotes à son retour hier à Ramallah.

Cependant, l'euphorie provoquée par ce succès international palestinien risque de brutalement retomber si les Palestiniens constatent que le statut d'Etat observateur à l'ONU pour leur pays n'a de portée que symbolique. On le saura très vite à la façon dont la communauté internationale va réagir aux deux mesures de rétorsion décrétées par le gouvernement d'Israël en guise de réplique au vote de l'Assemblée générale de l'ONU. Netanyahu et son cabinet ont en effet annoncé tour à tour qu'ils autorisent la construction de 3.000 nouveaux logements pour les colons juifs en Cisjordanie et à Jérusalem-Est, et suspendent le versement à l'Autorité palestinienne des taxes générées par les transactions commerciales et autres à destination des territoires occupés. Si Israël n'est pas contraint de faire marche arrière dans les deux cas, il en résultera la mort par asphyxie de cet Etat palestinien dont les Nations unies viennent d'en reconnaître l'existence.

Le programme des 3.000 logements dont Tel-Aviv a fait l'annonce par défi aux Palestiniens et à la communauté internationale est destiné à relier sans discontinuité les colonies juives en Cisjordanie à Jérusalem-Est. Ce qui couperait ainsi en deux le territoire de Cisjordanie et ferait de l'éventuel Etat palestinien une entité territoriale absolument incohérente et totalement dépendante du «bon vouloir» d'Israël. La mesure de suspension du versement des taxes à l'Autorité palestinienne vise quant à elle à étouffer celle-ci en aggravant ses difficultés financières et à travers elles attiser le mécontentement social des Palestiniens contre elle. La question est de savoir si la communauté internationale va se contenter de réactions platoniques aux mesures israéliennes de rétorsion, ou au contraire démontrer à l'Etat sioniste que le nouveau statut accordé à la Palestine par l'ONU a réellement changé la donne dans le conflit palestino-israélien.

Les nouvelles constructions projetées par Israël contreviennent aux résolutions onusiennes condamnant la colonisation juive des terres palestiniennes. Elles sont d'autant inacceptables qu'elles ont été manifestement décidées pour accélérer le processus d'occupation du territoire palestinien rendant impossible la solution des deux Etats préconisée et soutenue par la communauté internationale. L'Etat sioniste foule aux pieds ainsi la légalité internationale et est passible de sanctions. Se contenter de le condamner reviendrait à signifier aux Palestiniens que la reconnaissance de leur Etat est un geste purement symbolique sans conséquences contraignantes pour l'Etat sioniste. Il en sera de même si pour la suspension des taxes, la réaction de la communauté internationale se limite à accorder en guise de «lot de consolation» des subsides financiers à l'Autorité palestinienne.

Il est incontestable que la communauté internationale fait preuve de frilosité à mettre l'Etat sioniste franchement au banc des accusés et à lui appliquer les sanctions auxquelles s'exposent les pays qui se moquent de la légalité internationale. Ce comportement coupable n'est plus de mise et donc encore plus inacceptable depuis le vote de l'Assemblée générale de l'ONU, à moins que les Nations unies n'aient agi en la circonstance que pour tromper le peuple palestinien et calmer sa révolte contre les injustices et les dénis de droit dont il est victime depuis plus de 60 ans sous leur regard faussement compatissant mais tout de même complice.