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Paris, Doha, Ryadh sur la même longueur d'onde

par Kharroubi Habib

Quand a démarré le mouvement insurrectionnel antirégime en Syrie, des puissances étrangères occidentales et arabes ont caressé l'espoir de l'effondrement à brève échéance du régime contesté. Objectif dont elles ont essayé de précipiter la survenance en prenant fait et cause pour l'insurrection et en manoeuvrant pour obtenir la réédition du scénario libyen sous la forme de l'intervention armée étrangère sous le parrainage des Nations unies. Il est cependant très vite apparu qu'un scénario de ce type dans la crise syrienne est impossible pour des raisons qui relèvent autant de la réalité du rapport de force entre les belligérants syriens, que des implications régionales dangereuses qui risquent d'en découler et des oppositions internationales qu'il suscite.

Devant l'évidence de ce constat, certaines de ces puissances ont dû faire marche arrière en renonçant à vouloir obtenir l'aval à l'intervention militaire étrangère. Un revirement qui a rendu possible la prospection d'une autre voie pour la recherche d'une solution à la crise syrienne. Mission dont a été chargé l'ex-secrétaire général de l'ONU, Kofi Annan. Lequel a soumis un plan de paix, dont la condition préalable à sa mise en œuvre est que soit mis fin à leur actions de violence par les deux parties en conflit. Toute la question est de savoir si celles-ci vont accepter et respecter le préalable posé par Kofi Annan.

Après s'être rendu à Damas puis à Moscou et Pékin, deux capitales qui soutiennent le régime syrien, l'ex-secrétaire général de l'ONU a fait état de prémices positives pour le plan de paix dont il est porteur. Ce que semblent confirmer les autorités de Damas qui ont rendu public un communiqué déclarant qu'elles ont accepté le contenu de son plan de paix. Il reste maintenant à l'opposition anti-régime syrienne de se prononcer sur ce plan.

De ce côté, il semble malheureusement que la radicalisation l'emporte parce qu'encouragée par des soutiens étrangers jusqu'au-boutistes, qu'une solution pacifique et négociée de la crise syrienne n'arrange pas. Parmi ces soutiens, trois Etats sont en pointe dans les encouragements à cette opposition à poursuivre son insurrection armée et violente : l'Arabie Saoudite, le Qatar et la France. A moins que Kofi Annan ait en toute connaissance consenti à jouer un rôle de leurre dans la crise syrienne, il ne peut taire que ces puissances agissent et manoeuvrent pour rendre impossible l'acceptation de son plan de paix.

Pour avoir été les premiers à préconiser la démarche dont il s'est chargé, Moscou et Pékin devraient certes être des destinations pour Kofi Annan. Mais c'est vers Paris, Doha et Ryadh que l'ex-secrétaire général doit impérativement se tourner pour obtenir de ces capitales leur acceptation sans ambiguïté de son plan de paix et qu'elles cessent d'inciter l'insurrection à continuer sa contestation violente. Or, ce que ces trois Etats veulent à l'évidence, c'est uniquement la neutralisation du régime syrien et la montée en puissance de l'insurrection armée. Il est absolument prouvé que ces trois Etats encadrent, forment et approvisionnent l'insurrection, qu'ils sont à l'origine de la campagne médiatique internationale qui travestit d'une manière éhontée ce qui se passe en Syrie.

Pour ces trois pays, leur implication dans la crise syrienne est si flagrante et à un point de non-retour tel qu'ils feront tout pour saboter la médiation de Kofi Annan.