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Vers partout

par El-Guellil

Le «ver solitaire» désigne un ver parasite appelé tænia. Il est dit «solitaire», car en général un seul parasite est retrouvé chez l'homme contaminé. Il est accroché à la paroi intestinale par sa tête et fabrique des anneaux, qui constituent un «corps» pouvant atteindre jusqu'à 10 mètres de long. La personne porteuse d'un ver solitaire peut présenter des troubles de l'appétit aussi bien par excès que par défaut.

Et le ver solidaire, c'est quoi ? C'est presque pareil. C'est un ver parasite qui est accroché aux parois de la société. Il a ses anneaux lui aussi, une chaîne qui constitue un corps solidaire. La machine administrative est tellement lourde, la bureaucratie est tellement forte que ces vers se multiplient. On les trouve généralement dans des cafés spécialisés. Ils sont bien sapés. Toujours accrochés à leur téléphone. Ils en ont deux généralement. Ils ont des connaissances partout et peuvent tout te régler. Chaque anneau ayant sa spécialité, leur répertoire téléphonique est chargé et leur portefeuille de connaissances est fourni.

Ce ne sont jamais eux qui demandent de l'argent pour service rendu. C'est l'autre. Eux, ils le font fi sabil Allah. Ils aiment bien rendre service. Mais c'est celui qui doit fournir le document ou la signature qui demande un petit quelque chose.

«C'est normal, c'est comme cela que ça marche. M'sakine, leur salaire est ce qu'il est et la vie est ce qu'elle est. S'ils ne font pas comme ça, ils ne s'en sortiront jamais».

Mais c'est grâce à nous qu'ils vivent, car nous ne sommes pas seulement responsables de ce que nous faisons, mais également de ce que nous laissons faire. On s'est habitué à chercher une connaissance pour un rien. Le moindre petit papier, on pense toujours au petit piston. « Chouf jar ta cousine. Il a un bon poste là-bas. Même si ce n'est pas son service, il pourra appeler une connaissance. Ça y est, le ver solidaire est actionné?»