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Terreur

par El-Guellil

Cela fait des ans qu'elle a quitté le domicile familial pour s'installer là-bas chez nous, chez eux. C'était quelques mois après son mariage avec un émigré qui a préféré une bent el bled. Aujourd'hui, elle est en vacances, là, chez nous, contente de montrer à sa fille la maison et la cité où elle avait grandi. C'est la première fois que son enfant de neuf ans voit ses grands-parents. Elle était très contente de les entendre passer du français à l'arabe sans difficulté.

Le domicile familial se trouvait dans un bâtiment de vingt étages, et les parents habitaient au premier. Dans cette cité, construite dans le cadre du plan de Constantine par l'occupant français, quand ici chez nous était ici chez eux, aucun ascenseur ne fonctionnait. Manque d'entretien et vandalisme ont eu raison d'eux. C'est vous dire un peu le voisinage.

C'est donc la première nuit au domicile des parents. Pan, ta, pan ! ta, ta ta...

- Maman, j'entends des coups de feu.

- Dors, errougdi, ce n'est rien.

La gosse se rendort, mais... bruit de persiennes qui s'ouvrent et... re-ta, ta, pan, ta, ta. Fermeture des persiennes.

- Maman, j'ai peur, c'est sûrement des terroristes.

- Mais non, mais non, la preuve, tes grands-parents n'ont même pas bougé. Viens dormir dans mon lit.

Le lendemain, réveil, petit-déj et... Alors, vous avez bien dormi, vous n'avez pas eu très chaud ? Il ne faisait pas très chaud,» mais c'est dehors que ça chauffait papi», répond la petite fille. Les coups de feu n'ont pas arrêté et j'ai eu très peur. Je pensais que c'était des terroristes, mais je crois que c'était des bandits. Le grand-père éclata d'un rire que seule la vue de son mandat de retraite provoquait.

- Ce soir, tard dans la nuit, je te montrerai les terroristes et les armes utilisées.

Une heure du matin, comme prévu, le grand padré et la petite-fille s'installent au balcon. Les rafales commencent. Ta, ta, ta, ta...

- Chouf, chouf, c'est par là.

Pan, pan, pan et les persiennes se referment. La symphonie dure généralement un quart d'heure. Le lendemain, les impacts sont visibles dans la cour de la cité. Des dizaines de sacs-poubelles balancés des balcons. Et des terroristes qui tentent de se frayer un chemin à travers les ordures, leurs ordures.