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Pour qui roule Ocampo ?

par Yazid Allilet

C'est un record! Le moteur de recherche et Open source Google est surbooké. Sur au moins ses 30 premières pages, le nom de Kadhafi auquel est associé le mandat d'arrêt de la CPI trône pratiquement seul. Seul ? Non, parfois avec le président du Soudan, Omar El Béchir. Mais à partir de la 10è ou 15è page d'un moteur de recherche pratiquement envahi par l'information sur le mandat d'arrêt international lancé lundi par la Cour pénale internationale (CPI) contre le dirigeant actuel de Libye. C'est dire que le fantasque colonel Kadhafi, qui a toujours gouverné la Libye d'une main de fer, en véritable despote en fait, est devenu l'homme le plus célèbre du Web. Plus célèbre en réalité que les commanditaires de son arrestation, qu'ils soient français, américains ou britanniques. La CPI a-t-elle un jour décidé d'elle-même?     Cette question que se posent les peuples d'en bas, ceux de l'hémisphère Sud, qui ont toujours faim, ont des problèmes d'accès à l'eau, aux routes, à l'éducation ou tout simplement à protéger leurs corps du dénuement par des vêtements décents, n'effleure même pas les peuples d'en haut, ceux de l'hémisphère Nord, ceux dont les dirigeants régentent le monde.

Comme bon leur semble, à la force de leurs économies, de leur dollar, de leur ego, de leurs armes bactériologiques, leurs «Phantom», de leur propagande contre les peuples opprimés, de leurs mensonges médiatiques. Donc, pour ces dirigeants de l'hémisphère Nord, il est devenu vital pour la «paix» en Libye, mais surtout pour puiser dans son pétrole au détour d'une opposition qui aura du mal à assurer son indépendance politique, que Kadhafi soit arrêté et jugé. Comme un criminel de guerre. Au même titre, si l'on applique les principes du tribunal de Nuremberg, que les criminels Nazis. Sauf que là, il s'agit d'un dirigeant arabe encore en exercice, et qu'il s'appelle Mouammar Kadhafi, l'un des dirigeants les plus détestés de la planète. Par les dirigeants de l'hémisphère Nord. Qui ont oublié de lancer un mandat d'arrêt contre d'autres criminels de guerre, qui ont fait plus que Kadhafi et El Bechir réunis: les criminels de guerre israéliens. Ou ceux qui se cachent dans la jungle asiatique. Car cela fait bien, pour ces preux défenseurs de la 25è heure de la démocratie en Afrique, de défendre des populations civiles contre le joug d'un homme blâmable à 1000 %. Encore faut-il avoir le courage de traquer dans la même logique tous les autres destructeurs de vies humaines, d'avenir des peuples. Pourquoi donc poser son doigt sur un point précis d'une carte géographique quand les clignotants ont longtemps cessé de fonctionner pour d'autres points précis dans le monde.

 Mais, surtout pourquoi ne déclarer comme «parias» que des dirigeants du Sud, et couvrir les génocides commis depuis 1947 par les «cousins» d'Orient ? Question récurrente, d'un autre âge (politique), mais qui mérite d'être posée dans cette chronique des temps contraires: pour qui roule Moreno Ocampo ?