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L'occupation de l'Irak n'a pas été un échec

par Kharroubi Habib



Pour les Irakiens qui ont sincèrement cru que l'invasion et l'occupation de leur pays, pour aussi douloureuses qu'ils l'aient ressenties, allaient apporter la liberté, la paix et la démocratie, la désillusion est amère et dramatique. Aucune de ces trois promesses que l'envahisseur américain s'était engagé à réaliser ne s'est concrétisée, au moment où sur instruction de Barack Obama, les forces armées de son pays quittent progressivement l'Irak.

 Il est normal, de leur point de vue et au regard de l'espoir qu'ils ont nourri, de voir dans le désengagement américain l'échec consommé de l'invasion et de l'occupation en lesquelles ils ont fondé leur espérance. L'échec est certes évident pour eux, mais pas pour ceux qui ont planifié et décidé l'invasion et l'occupation.

 Les néoconservateurs américains, qui, dans l'entourage de George W. Bush, ont été les maîtres d'œuvre de la guerre en Irak, ont en effet toutes les raisons de jubiler aux résultats auxquels celle-ci a abouti. Ce n'est donc pas à tort qu'ils parlent de «mission accomplie» au moment où les troupes américaines quittent l'Irak. Pour eux, la chute du régime de Saddam Hussein et l'occupation de l'Irak n'ont pas été menées pour faire basculer ce pays dans la liberté, la paix et la démocratie, mais pour en finir définitivement avec lui en tant que nation unie aux potentialités susceptibles de lui permettre d'entraver les desseins américains au Moyen-Orient. Ce qui est chose faite au vu de la situation en Irak après sept années d'occupation et de commandement américains.

 Barack Obama ne peut être rendu responsable de cette situation, mais il est blâmable de pervertir la réalité irakienne en avançant que le retrait américain qui s'opère sous son instruction va laisser l'Irak en tant que pays «souverain et indépendant, libre de prendre ses propres décisions sur son avenir».

 Rien n'est plus faux que cette assertion. La réalité sur le terrain est celle que les néoconservateurs ont voulue, à savoir une nation irakienne sans Etat capable de maintenir son unité, déchirée et pratiquement disloquée par les conflits ethniques, communautaires et religieux qu'ils ont encouragés et exacerbés en sous-main. Des conflits qui vont inévitablement conduire à la guerre civile et à l'éclatement de l'Irak en entités basées sur l'appartenance ethnique ou religieuse.

 Oui hélas, il y a eu «mission accomplie» en Irak, celle que la bande à Bush et Dick Cheney s'est assignée. D'une certaine façon, Barack Obama apporte une touche finale à cette «réussite» voulue par les néoconservateurs dont il a pris la succession. Cela en laissant l'Irak livré à lui-même sous prétexte d'honorer la promesse électorale qu'il a faite au peuple américain.

 A sa manière, Obama a en fait entériné la stratégie de destruction de l'Irak programmée et mise en œuvre par son prédécesseur. Il pourra toujours s'en défendre en faisant valoir qu'il s'est opposé à la guerre en l'Irak, et donc qu'il n'est pas responsable du but qui a été assigné à celle-ci.

 Sauf qu'il lui sera fait reproche de masquer ses dramatiques résultats et même de s'en laver les mains et de se donner bonne conscience en ayant ordonné le retrait des forces armées de son pays.