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Trêve ou reddition ?

par Kharroubi Habib

L'Etat sioniste agresseur veut couper court à toutes les initiatives diplomatiques internationales lancées pour obtenir un cessez-le-feu sur la base de conditions acceptables par les deux côtés israélien et palestinien.

Cela sous la forme d'une trêve unilatérale décrétée par lui, ne laissant d'autre alternative à la résistance palestinienne que celle d'accepter la capitulation et le fait accompli de la réoccupation de la bande de Ghaza par l'armée sioniste, en contrepartie de l'arrêt des opérations de massacre. Plan machiavélique dont les concepteurs, israélien mais aussi arabes et occidentaux, escomptent la réussite en tablant sur l'effet de terreur qu'ont eu les semaines de bombardements intensifs sur la population ghazaouie et l'horreur que suscite leur poursuite dans l'opinion internationale.

Qui en effet est moralement ou légitimement en situation d'expliquer à cette population et à cette opinion internationale que l'arrêt des massacres aux conditions mises par l'Etat hébreu à sa trêve unilatérale n'est qu'un leurre par lequel il cherche à piéger la résistance palestinienne et à neutraliser le puissant mouvement international de réprobation et de condamnation de son agression ?

Les premiers qui se déchaîneront contre ceux qui soutiendront que la trêve unilatérale décrétée par l'Etat sioniste est une conclusion inacceptable moralement, politiquement et stratégiquement, sont ceux-là mêmes qui ont défendu dans le détail et le global le rejet par lui de tous les appels à l'arrêt de son agression. Leur argument sera que cette trêve est la démonstration de la dimension humaniste dont se prévaut l'entité sioniste. Partant de ce cynique plaidoyer, ces milieux accuseront quiconque s'exprimera contre cette trêve d'être un «pousse-au-crime» contre la population ghazaouie et l'allié des «terroristes palestiniens» voulant la destruction de l'Etat israélien.

Pourtant, ce que cette trêve unilatérale envisagée laisse prévoir d'humiliation pour les Palestiniens et de raisons pour qu'ils ne cessent pas la résistance sont d'une aveuglante transparence. Comment, après trois semaines d'enfer, des centaines de morts, des milliers de blessés et des agglomérations transformées en champs de ruine, la population ghazaouie va admettre une trêve qui, par ses conditions, lui impose en fait une reddition pure et simple. Il ne s'agit pas d'autre chose, puisque le plan israélien stipule que l'armée sioniste restera là où elle se trouve suite à son agression, que le blocus se poursuivra tant qu'Israël estimera que les conditions de sa levée ne sont pas réunies et que tout acte de résistance contre cette situation légitimera la reprise des opérations militaires de Tel-Aviv dans la bande de Ghaza.

C'est en somme dans une situation pire que celle qu'elle a eu à subir avant le déclenchement de l'agression que l'on veut remettre la population ghazaouie.

Avec des monceaux de cadavres et un fleuve de sang dont on voudrait lui faire admettre le vain sacrifice et le renoncement à la clef à toute perspective d'une indépendance nationale pour le peuple palestinien.

C'est donc à la paix des cimetières et de l'oubli que l'on veut le pousser. Et pour laquelle il se trouve, hélas, des Palestiniens et des Arabes qui ont vendu leur âme et leur dignité.