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Tiaret - La culture : l'éternel parent pauvre

par El-Houari Dilmi

Des veillées ramadhanesques tristes à mourir... A Tiaret, une fois le jeûne rompu, l'on s'ennuie à mourir. Rien à se mettre sous la dent. La culture ? C'est devenu presque un "gros mot", tant les préoccupations stomacales sont devenues la priorité des priorités. Ici, chronique d'une réalité amère, insipide comme une chorba blech !

Victime du changement de l'ordre des priorités, la chose culturelle dans la capitale des Hauts-Plateaux de l'Ouest, est reléguée au rang "d'activité secondaire". La direction de la culture sans premier responsable depuis plus de cinq années, et la maison de la culture « Ali Maâchi » également sans directeur, le secteur de la culture dans la capitale des Hauts-Plateaux de l'Ouest est sinistré. Et pour attirer l'attention sur cette regrettable situation, une vingtaine de porteurs de projets culturels, dans une lettre adressée au wali et au président de l'APW, se plaignent de la marginalisation dont ils sont victimes.

La gestion de l'activité culturelle par le responsable intérimaire à la direction de la culture est pointée du doigt. Les artistes et hommes de culture locaux reprochent à la direction de la culture de concocter des programmes dits «culturels" sans les associer en tant que "premiers animateurs de la scène culturelle et artistique locale". Citant l'exemple du programme des activités culturelles lors du mois sacré de ramadhan, les porteurs de projets culturels, à l'image du poète et grand homme de théâtre Abdelkader Dekkiche, s'interrogent sur les « raisons réelles » de leur exclusion. Les dix-sept porteurs de projets culturels, dont certains ont déjà honoré l'Algérie lors de manifestations internationales, réclament dans leur missive adressée aux autorités concernées, l'installation au plus tôt d'un directeur de wilaya de la culture, l'ouverture des différents espaces de la maison de la culture « Ali Maâchi », le rétablissement du budget alloué pour la gestion, l'organisation et l'animation des différentes activités culturelles, ou encore la protection des droits moraux et matériels des artistes.

Le responsable intérimaire à la direction de la culture a nié « vouloir exclure quiconque de l'activité culturelle au niveau de toute la wilaya, puisque des représentants des artistes connus par mes services ont été invités à venir assister à des réunions de travail pour concocter le programme des activités culturelles et artistiques durant le mois de carême, mais ils ont décliné l'offre », a-t-il déploré.

«Une convention a même été passée avec la direction de la jeunesse et des sports, pour nous permettre d'exploiter les installations de cette direction comme les maisons de jeunes dans l'organisation d'activités culturelles sur tout le territoire de la wilaya», a souligné le même responsable. «Une quinzaine de conventions ont été passées avec des associations culturelles, avec lesquelles nous travaillons et auxquelles nous donnons les moyen pour permettre à leurs artistes de gagner leur vie », selon Azzedine Abdelkader, chargé de la gestion de la direction de la culture. Tiraillée entre les opposants à un «ordre culturel dépassé par les hommes et le temps» et ceux qui militent pour réhabiliter la chose de l'esprit dans son rang de «première roue du carrosse», la scène culturelle dans l'antique Tihert est comme un «théâtre grandeur nature où aucun comédien, de peur de saboter la pièce, ne veut plus monter sur les tréteaux», commente, dépité, un professeur de musique qui veut que tous les artistes et hommes de culture de Tiaret jouent la même partition.

En effet, au moment où le conflit opposant les pour et les contre l'actuelle équipe à la tête de la direction de wilaya de la culture a été porté jusqu'à sur le bureau de la ministre de la Culture, la «nourriture de l'esprit» en ce mois de toutes les ripailles, veut rebondir sur le devant de la scène, mais "qui peut s'offrir le luxe d'un petit chouia de nourriture de l'esprit, quand tu perds 80% de ton énergie à courir après un satané sachet de lait ou un foutu bidon d'huile", ironise Larbi, plus que jamais dépité puisqu'une vie imbécile, une vie sans culture est semblable à la mort?