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Un long chemin

par El-Houari Dilmi

Manquer de médicaments est une question de vie ou de mort. Alors que l'incidence des cancers est en hausse constante en Algérie, plus de 65.000 nouveaux cas chaque année, l'appel de détresse des malades fait froid dans le dos. La rupture des stocks de médicaments utilisés dans le traitement de cette pathologie lourde met en danger la vie de milliers d'Algériens. S'il faut bien reconnaître que la pandémie de Covid-19 a «vampirisé», durant deux années, toutes les ressources sanitaires du pays, cela ne doit plus constituer une excuse aujourd'hui.

Les interférences qui chahutent les relations fonctionnelles entre le ministère de la Santé et celui de l'Industrie pharmaceutique compliquent davantage la donne, puisque personne ne sait avec précision qui est responsable de la disponibilité (ou non) des médicaments dédiés aux malades lourds que sont les cancéreux. Les dix projets d'usines spécialisées dans la production locale de médicaments sous forme sèche ou liquide contre les différents types de cancer se font attendre. Or, le temps pour un malade souffrant d'un cancer est compté. Problème de santé publique, le nombre de structures consacrées à la lutte contre le cancer est en augmentation, ce qui constitue certes un bond en avant mais cela reste encore insuffisant.

C'est une vérité amère, des patients dépistés continuent à mourir faute d'avoir été traités dans les délais. Le Plan national anti-cancer 2015-2019, doté de 185 milliards de dinars (environ 1,6 milliard d'euros) et placé sous la tutelle directe de la présidence de la République, n'a pas bénéficié d'une évaluation exhaustive pour faire le point sur une pathologie de plus en plus virulente et à la prévalence des plus inquiétantes. Si le lancement du deuxième plan quinquennal 2020-2024 de lutte contre le cancer est une bonne chose, il reste encore beaucoup à faire pour améliorer la prise en charge des patients.