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Football - Ligue 1: Le faux réalisme à l'index

par Adjal Lahouari

Ce n'est pas, comme on pourrait le croire, une répétition. Plusieurs clubs de la Ligue 1 sont dans les choux, ce qui fait les choux gras des médias. A titre d'exemple, voilà un club sans palmarès qui se retrouve leader du championnat pour la première fois de son histoire. Il y a quelques jours, nous avons loué les mérites des Biskris, caracolant en tête, loin devant les grosses cylindrées. C'était inédit et sympathique. Les supporters de l'USB étaient aux anges, car un rêve inespéré venait de se réaliser, cette situation dérangeant plutôt les grosses cylindrées. Tout à coup, les joueurs séniors de l'USB ont fait l'impasse du déplacement à Alger où ils devaient affronter l'USMA qui venait de subir sa première défaite à Béchar. La raison de ce forfait est claire comme l'eau de roche, à savoir que les joueurs ont agi comme leurs collègues d'autres clubs, en boycottant le match, n'ayant pas eu de réponse au sujet de leurs revendications salariales. En Algérie, boycotter les entraînements et les matches, est désormais la spécialité maison. Ce match, en fait, était le véritable test pour les Biskris en cette entame du championnat. Les Mouloudéens du MCA sont eux aussi montés au créneau, réclamant une répartition équitable des primes et des salaires, estimant injuste la méthode de paiement décidée par le président Brahmia. Les résultats enregistrés sur le terrain montrent que les clubs de l'USB et du MCA ont subi les conséquences de la gestion approximative de leurs dirigeants. Le club des Zibans est à présent co-leader après avoir subi un gros revers à Omar Hamadi. Ses réservistes, accompagnés par trois seniors n'avaient absolument aucune chance face à des Usmistes très à l'aise et supérieurs dans tous les domaines. Les dirigeants auraient-ils oublié que leur club a évité la rétrogradation de justesse ? Ne se sont-ils pas rendu compte que la bonne entame de l'équipe était favorisée par des circonstances exceptionnelles, avec deux rencontres à domicile et une seule face aux réservistes du RCA contraints de se produire sur un terrain neutre ? Décidément, le football algérien est spécial avec ses crises chroniques et toutes les balivernes qui l'empêchent de progresser. A des degrés divers, toutes les parties sont responsables de cette situation qui désole les vrais sportifs. En principe, le MCA aurait dû prendre le fauteuil du leader, sauf que le conflit président-joueurs a pesé sur le rendement de ces derniers que même leur entraîneur Khaled Ben Yahia n'a pas réussi à motiver. Car un nul face à des adversaires sans préparation et ni entraînement, ressemble plutôt à un revers. Tant mieux, dirons-nous, pour l'attrait d'une compétition en principe plus ouverte que jamais, aucune équipe n'étant à l'abri de cette sacrée instabilité. Il faut avouer que les chiffres de cette quatrième journée ne sont guère réjouissants, avec dix équipes qui n'ont pas su trouver le chemin des filets, quatorze buts inscrits seulement pour neuf rencontres dont sept pour deux matches ! Les buteurs sont aux abonnés absents. En dépit des apparences, il faut relativiser les victoires du CRB et de l'USMA. Au stade du 20-Août, les réalisations belouizdadies furent l'aboutissement de deux maladresses, tandis que les Umistes n'ont éprouvé aucune difficulté à battre les jeunes réservistes biskris. C'est à se demander si certains entraîneurs ont carrément opté pour des choix défensifs, sachant que chaque revers constitue une menace pour eux. Cela s'appelle du faux réalisme. Le MCO, le WAT, l'OM, l'ESS, la JSK, le RCR inquiètent leurs supporters, alors que l'ASO, le HBCL et le NCM sont déjà à la peine. Pour le moment, il faudra faire preuve de patience et espérer que ces clubs, dits de l'élite, soient plus dignes de ce statut.