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Manière de vivre et d'être

par Abdou BENABBOU

A Bir Mourad Raïs, la tour de construction récente, fort heureusement non encore habitée qui va perdre inévitablement pied à la suite des derniers éboulements, plus qu'elle ne provoque la colère impose de la sidération. Elle témoigne d'un état d'esprit et d'une culture empreinte d'une énorme débilité ayant régi l'urbanisme jusqu'ici. Au-delà de l'inconscience caractérisée de certains, il avise sur le contenu de quelques cervelles au contenu de paille, n'ayant que le gain de contenu et ne possédant aucun égard pour le raisonnable, le juste et le beau. Comme dans d'autres domaines, l'inculture a quelque chose de mortel poussant jusqu'à déduire que des inconscients ont une dent contre tout ce qui est civilisé obligeant jusqu'à regretter de partager avec eux les espaces communs.

A la faveur des derniers éboulements, il est certain que l'attribution de l'assiette de terrain qui a servi à la construction de l'immeuble s'est faite sans études sérieuses et que le permis de construire a été attribué avec une évidente légèreté jetant une suspicion élargie sur tous ceux qui sont à l'origine de la décision.

Malheureusement, ce qui s'apparente à une arnaque urbanistique à Bir Mourad Raïs n'est pas un cas isolé, loin s'en faut. Les coups de dague contre les sites et les paysages sont pléthoriques partout à travers le pays et avant de dégager quelques odeurs de corruption, ils sont d'abord le témoignage d'une mentalité suffisamment rétrograde pour convaincre qu'un fossé nous sépare avec la grande culture et le savoir-vivre. La rapine, la recherche du gain à tout prix, l'inculture et la sécheresse de l'esprit se sont abattues sur ce que l'environnement a de plus apparent jusqu'à intimer à la vue des regards fuyants. Les beaux panoramas des sites côtiers ont été avilis et violés par une légèreté déconcertante et par un extrême «je-m'en-foutisme».

On retrouve l'exagération de l'inconséquence jusqu'au ravalement des façades par des couleurs dont on ignore la source et la provenance pour ne plus savoir si elles sont d'essence yéménite ou visigothe quand les bâtisses et les constructions se présentent en véritables blocs cernés par le barreaudage des balcons et des fenêtres.

Sans doute que le vilain étendard de la tour de Bir Mourad Raïs ne serait que la représentation générale d'une manière de vivre et d'être.