Envoyer à un ami | Version à imprimer | Version en PDF

ANALYSE - Une réelle flexibilité tactique

par Adjal Lahouari

Il faut avouer que, tout comme les Verts, nous avons commencé à douter durant la première demi-heure, d'autant plus que Belaïli venait, deux minutes auparavant, de gâcher un penalty. Et puis, ce même Belaïli s'est immédiatement racheté en ouvrant le score. Il est vrai que ce n'était pas facile face à des Djiboutiens agressifs. Et puis, Benrahma a, enfin, étalé son talent et fut imité par son capitaine Feghouli dans une action similaire. Oui, il n'y avait pas photo entre l'équipe algérienne et son homologue de Djibouti. Oui, cette dernière est hors course après un parcours conforme avec ses limites. Oui, les Verts ont évolué dans un cadre quasi idéal qui leur a rappelé l'épopée de la CAN 2019. Et puis, toutes les conditions étaient réunies pour passer sans encombre cet obstacle avant la finale de mardi prochain.

Il n'empêche que la composition du onze rentrant était un sujet d'inquiétude pour Djamel Belmadi. Fallait-il titulariser les trois joueurs sous la menace d'un second carton, et donc de suspension face au Burkina Faso et se priver de leurs précieux services, ou les préserver et lancer dans le bain d'autres capés moins nantis dans le domaine de l'expérience ? C'était la principale préoccupation du coach algérien qui était pris entre le marteau et l'enclume. Finalement, Belmadi a opté pour la seconde hypothèse, sachant qu'il sera contraint d'aligner son onze-type face aux Burkinabés dans trois jours.

Objectivement, ce n'était pas trop risqué en raison de la différence de niveau entre nos représentants et les Djiboutiens qu'il convenait cependant de respecter afin d'éviter une mauvaise surprise. L'équipe choisie au coup d'envoi avait une double mission, marquer des buts le plus tôt possible et ne pas en concéder. Pour ce faire, et conformément à ses habitudes, le coach a opté pour une « flexibilité » tactique illisible pour l'adversaire qui, hormis la première demi-heure, a permis à ses poulains de s'adapter aux circonstances de ce match modérément appréhendé à cause des circonstances du calendrier et la menace représentée par le Burkina Faso. En agissant de la sorte, Belmadi est resté fidèle à sa ligne de conduite qui consiste à ne pas donner des informations à ses adversaires, tous désireux de battre le champion d'Afrique et auteur d'une remarquable série toujours en cours.

Le scénario était prévisible. Dès le premier but encaissé, les Djiboutiens se sont décidés à sortir de leur périmètre pour égaliser. C'est l'attitude qu'attendaient les Verts pour exploiter au mieux les espaces. Grâce à leur maîtrise technique, les Algériens ont pu inscrire trois buts en première période. C'est ainsi que Belaïli, Benrahma et Feghouli ont matérialisé leur évidente supériorité. Certes, les hommes de l'entraîneur-adjoint Mohamed Merouach Hassan (après le limogeage du Français Julien Mette) ne sont pas restés inactifs, en menant des contres repoussés par la défense algérienne où les titulaires du jour ont tenu à briller et à marquer des points auprès du coach Belmadi.

Avec un tel avantage au score, on se demandait quelles options allait prendre Belmadi. Avec les cinq remplacements qu'il a opérés, et en dépit du risque, le coach national a fait coup double, à savoir ménager les sortants, tout en donnant du temps de jeu aux rentrants dont la plupart seront titulaires mardi prochain. Pas grand-chose à signaler, sinon que les Verts ne sont pas défoncés outre mesure dans cette seconde période où il fallait éviter les blessures ainsi que les cartons, ce qui aurait gâché cette sortie dans la capitale égyptienne, tout en corsant la note par l'inévitable Slimani. Pourtant, ils se sont procuré d'autres opportunités à partir d'un pressing haut qui a donné beaucoup de travail au gardien burkinabé Innocent, en fait le meilleur de son équipe.

Dans le volet des petits reproches, on citera les centres en profondeur mal dosés, ce qui a compliqué la tâche des attaquants. C'est la même remarque pour les corners trop puissamment bottés. Malgré cette confortable victoire, il ne faudrait pas négliger ces lacunes qui ont une certaine importance dans le football de nos jours. Il va de soi que le perfectionniste Djamel Belmadi a sans aucun doute pris note de ces imperfections pour que ses poulains soient encore plus performants. Avec le duel de mardi face au Burkina Faso, l'occasion leur est offerte de prouver qu'ils ne sont pas champions d'Afrique par hasard.