Envoyer à un ami | Version à imprimer | Version en PDF

Tébessa: La cité millénaire mérite mieux

par Ali Chabana

Tébessa mérite mieux, affirme-t-on avec certitude auprès de nombreux citoyens de l'Antique Theveste. Une cité qui a tant donné, en retour une immense frustration d'une population sevrée, incomprise du sort réservé à toute une région martyrisée, bottée sur la touche de l'histoire. Une histoire millénaire réduite à presque rien. Tébessa doit se ressourcer de son riche passé pour bâtir son présent et envisager avec sérénité son avenir. Les Tébessis sont souvent, totalement désorientés, lorsqu'on évoque avec eux l'état dans lequel se trouve leur chère ville ou wilaya, autrefois bastion de la résistance farouche contre les envahisseurs. « Qu'a-t-on fait pour que Tébessa retrouve son lustre d'antan ? On construit sur du vide, on pioche dans l'inconnu, on se fait des illusions en croyant faire renaitre le passé, en se référant à des faux-fuyants. », a déclaré un jeune universitaire, en quête d'une identité pour la cité, le tremplin nécessaire, celui qui propulsera l'histoire vers de nouveaux horizons. « Quand je voyage, j'ai ce sentiment de manque de Tébessa, je la vois sublime, magnifiée ; son passé flamboyant me rappelle les moments forts, lorsque la cité rayonnait de toute sa splendeur, d'après les récits rapportés par des voyageurs et les écrits d'historiens de l'époque antique. », dira Abdallah enseignant à la retraite et de continuer: «Pas plus loin qu'il y a quelques décennies, notre ville s'enorgueillit d'une vie sociale et culturelle saine, animée ; les citadins étaient bien fiers d'appartenir à toute une région riche en valeurs humaines, solidaire et ouverte sur son environnement. Aujourd'hui, le gâchis est inestimable, en recensant ce qu'on a perdu. » Tébessa, bien ancrée dans ses racines ancestrales, le regard tourné vers le futur, mais comment le construire, sans renier ses origines? « Il me semble qu'il est fondamental de remettre en question certaines pratiques qui ont porté préjudice à la cité toute entière, des actes nocifs, d'opportunisme et de prédation, les auteurs de ces comportements s'identifient eux-mêmes.

La wilaya est malade de ses propres gestionnaires. C'est toute une mentalité archaïque dont on doit se débarrasser, si on a cet objectif de redonner une lueur d'espoir, pour que Tébessa regagne l'estime dans les cœurs de ses habitants. » Un réquisitoire sans merci prononcé par Hakim qui se présente comme un fils envieux de Tébessa prospère, la tête haute, Tébessa la ville martyr. Son compère Bassem va dans le même sens, en affirmant son attachement au principe et au droit de la région à une meilleure prise en charge de ses réoccupations, « Il est temps de revoir beaucoup de choses, concernant les programmes de développement alloués à la région de Tébessa, finis le laxisme et les promesses sans lendemain, à ma connaissance on est en période électorale et j'espère que les futurs élus auront l'honnêteté de dire certaines vérités, à commencer par se départir de leur égoïsme, en mettant en avant leur engagement et leur probité intellectuelle, au service de la ville et ses habitants. Les citoyens en ont marre des idées creuses et des fanfaronnades. Moi j'opte pour celui qui travaille et commet des erreurs, plutôt que pour celui qui se terre dans son mutisme et sa lâcheté, de peur de rendre des comptes. » Pour Meryam femme au foyer « il m?est difficile d'accepter la situation de dégradation du cadre de vie quand j'observe toutes ces saletés dans nos rues et cités. Et là je me responsabilise en tant que citoyenne, oui ce sont nous en grande partie qui sont responsables d'un tel état de décrépitude, devant la détérioration des équipements sociaux.» Tébessa jette un regard au-delà des monts Mestiri, Ozmor, Dokane, vers les vastes plaines de Chéria, Elma Labiod Bir Mokkadem , El Ogla, Bir Dheb, sur une note d'espérance que ses vœux soient exhaussés et son image éclaircie ; les Tébessis vous diront, à l'unisson, que leur cité légendaire sera un jour au diapason de l'histoire, grâce à ses valeureux enfants.