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Les moyens de la DHA et des concessionnaires placés sous ses commandes: Transfert de gestion vers Oran Propreté pour la collecte des déchets

par H. S.

  Approuvé par la wilaya lors de son conseil exécutif tenu le 20 octobre dernier, le nouveau schéma directeur de gestion des déchets ménagers et assimilés dans la commune d'Oran fait l'objet de derniers ajustements avant sa mise en œuvre à brève échéance.

Le fait le plus marquant dans le basculement vers le nouveau système est sans nul doute la mesure de transfert de gestion de ce service public vers l'EPIC Oran Propreté, et ce, après que la commune d'Oran eut été désengagée sur décision du wali. « Coupable » d'avoir failli à sa mission, rapport d'étude-expertise de l'Agence nationale des déchets (AND) à l'appui, l'APC s'est vu retirer les commandes de ce service. Non seulement la commune a été dispensée de cette tâche, qui de reste est censée relever de ses missions régaliennes, voire de ses raisons d'être, mais injonction lui a été donnée par le premier responsable de la wilaya de mettre sa flotte, logistique et main-d'œuvre comprises, à la disposition de l'organisme qui la substituera à la tête de la nouvelle organisation du service qui sera mise en place. Bien pire qu'un simple coup de balai dans le secteur, on peut parler plutôt d'un coup de tonnerre dans un ciel pas du tout serein avec le dépôt de plainte en justice par le wali sur fond de malversations présumées dans le dossier de gestion des ordures ménagères dans la commune d'Oran. De toutes les « anomalies » pointées du doigt par le document de l'AND, en son chapitre état des lieux, le fait le plus surprenant est « l'existence dans le fichier des personnels de la commune d'Oran de 3.378 agents de collecte, mais le recensement sur terrain de 1.263 agents mobilisés, soit 38% seulement de l'effectif total répertorié ». De quoi susciter la question logique du wali à l'adresse des gestionnaires communaux : « Et le reste, où sont-ils ? ». « Si je comprends bien, vous avez plus de 2.000 travailleurs (précisément, il y a 2.115 travailleurs si l'on fait un petit calcul) inscrits sur votre fichier de personnel affectés au service de collecte mais inexistants sur le terrain. En d'autres termes, une vraie masse salariale absorbée par plus de 2.000 employés fantômes. Rien que cela, ça vaut une plainte en pénal », avait rétorqué le wali, instruisant immédiatement son DRAG de déclencher la procédure. Le rapport de l'AND ne parle à aucun moment d'«emplois fictifs», et ne fait d'ailleurs aucun commentaire sur l'écart enregistré entre le personnel existant « sur papier » et celui « sur terrain » en matière de collecte de déchets domestiques, mais la technicienne de cet organisme qui était préposée au pupitre avait, en guise d'explication à ce « déficit constaté », parlé d'« agents qui seraient affectés, sous toutes réserves, à des corps communs tels que gardiens, agents de maintenance et autres ».

UN COÛT D'INVESTISSEMENT ÉVALUÉ A 7,3 Milliards DE DA

Le déficit, il n'y en a pas que celui-là, quoique ce soit le plus conséquent sur le plan juridico-légal. Il y a aussi un gros déficit en volume de déchets collectés de l'ordre de 1.800 m3/j, soit 25%, générant notamment 87 grands points noirs en ville. La commune, qui assure ce service par sa division d'hygiène et d'assainissement (DHA) et les concessionnaires privés au nombre de 110, fait 396 tonnes/j tandis que le troisième opérateur, EPIC Oran Propreté, en fait 89 tonnes/j. La quantité de déchets ménagers quotidiennement collectés est de 485 tonnes contre 577 tonnes générées, soit un « manque à gagner » de 94 tonnes, 17%. L'Agence nationale des déchets en incombe cela notamment à un mauvais rendement par camion (rendements par kilométrage et par temps), un mauvais rendement par agent également ainsi qu'une carence en matériel et logistique de collecte. L'AND relève par ailleurs un « coût élevé » de gestion de déchets à Oran, 11.280 DA/tonne/j. Plus grave encore, 43% des dépenses (2,2 milliards de DA) vont dans la masse salariale et 26% pour le personnel réellement mobilisé. Le maillon du traitement des déchets n'est pas en reste. Le taux de récupération à partir du CET de Hassi Bounif est dérisoire, 7%, seulement deux récupérateurs-recycleurs conventionnés étant opérationnels. Sur la base de nombreux « points faibles », qui vont du faible rendement au surcoût de gestion en passant par le taux élevé d'immobilisation de la flotte (55%), les lenteurs d'approvisionnement en pièces de rechange du parc roulant communal, l'absence de collecte ciblée par gisements propres, l'AND a proposé un nouveau schéma directeur de gestion des déchets ménagers et assimilés pour la commune d'Oran, pour un coût d'investissement de 7,3 milliards de DA, scindé en trois chapitres : la pré-collecte, la collecte et le tri sélectif. Pour ce dernier créneau, elle en a estimé le gisement recyclable à 1 milliard de DA. Comme actions prioritaires, l'AND préconise de revoir le cahier des charges de ce service public, le rapatriement des moyens de la DHA à un organisme centralisé de la wilaya, la réorganisation et le redéploiement des services, le renforcement du mécanisme de recouvrement en s'appuyant sur l'article 25 de la LF-2020 ainsi que l'assainissement des créances.