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Nadir Larbaoui, un brillant diplomate à l'ONU

par R. N.

Connu pour être un diplomate «racé», l'Ambassadeur Nadir Larbaoui vient d'être nommé Représentant permanent de l'Algérie auprès des Nations-Unies.

La nomination de Nadir Larbaoui à l'ONU, s'inscrit dans le cadre du vaste mouvement entrepris ces jours-ci dans le corps diplomatique et dont les premières nominations ont déjà parues dans ces mêmes colonnes de l'édition d'hier.

Rappelé en octobre 2019 de son poste d'Ambassadeur au Caire et représentant permanent de l'Algérie auprès de la Ligue arabe des Etats membres, Larbaoui devra rejoindre dans peu de temps New York où se trouve le siège des Nations Unies afin de présenter, selon les usages diplomatiques universels, ses lettres de créances au Secrétaire général de l'Organisation, Antonio Guterres, pour être accrédité en tant représentant permanent de l'Algérie auprès des Nations-Unies.

Ceux qui n'ont pas eu l'occasion de le croiser à «la Centrale» ou au niveau des institutions régionales ou internationales, ou alors comme ambassadeur dans plusieurs pays, et bien avant, il y a de longues années, d'apprécier son jeu et ses feintes sportives dans l'équipe nationale de handball, ils doivent certainement se rappeler de lui au moins lorsque l'équipe nationale de football devait affronter l'équipe égyptienne dans le cadre de la Coupe d'Afrique des Nations. Larbaoui avait géré d'une main de maître les supporters algériens qui avaient afflué en masse vers le Caire pour soutenir les Verts. Les responsables algériens à tous les niveaux, lui ont reconnu qu'il a réussi «avec une équipe restreinte de diplomates de l'Ambassade», à élaguer les travers de «la Gestion de la Coupe d'Afrique des Nations organisée au Caire du 21 Juin au 19 Juillet 2019». L'ancien président de la FAF et ancien dirigeant sportif, Mohamed Raouraoua avait, dit-on, répondu à cette occasion à des journalistes pour noter qu'«en plus bien sûr des joueurs, deux hommes sont à la base du succès algérien au Caire, l'entraîneur Djamel Belmadi sur le terrain et l'Ambassadeur Nadir Larbaoui en dehors du terrain». C'est, a-t-il été affirmé, Larbaoui qui a eu l'idée de faire accepter par les autorités égyptiennes que lors de la finale, les trente mille supporters algériens puissent rentrer en Egypte sur simple présentation de leur passeport. Une initiative louable qui lui a valu d'être honoré par les journalistes sportifs algériens.

Quand l'Algérie décroche un statut de membre non permanent du Conseil de sécurité de l'ONU pour 2024-2025

Pour avoir mal tourné, cet épisode sportif avait mis à mal les relations algéro-égyptiennes. C'est à ce niveau que Larbaoui s'est démené «diplomatiquement» pour que les choses ne dégénèrent pas plus qu'elles ne l'ont été. Il a réussi à remettre «tout en ordre» en un temps record. Tout de suite après les fâcheux événements qui ont émaillé la compétition africaine au Caire tout autant qu'à Oum Dourmane, au Soudan, le président égyptien de l'époque, Hosni Moubarak s'était déplacé à Alger comme pour s'excuser auprès de Abdelaziz Bouteflika alors président de la république et reprendre les relations bilatérales entre les deux pays «sur de nouvelles bases».

L'histoire de la diplomatie algérienne retient à Larbaoui en tant qu'ambassadeur au Caire et représentant permanent de l'Algérie auprès de la Ligue des Etats membres, d'avoir réussi à acquérir le soutien des pays arabes à la candidature de l'Algérie en tant que membre non permanent du Conseil de sécurité de l'ONU pour la période 2024-2025.

Il l'a fait en août 2019 lors de la tenue au Caire des réunions des ministres arabes des Affaires étrangères. «Larbaoui a dû faire un travail de coulisses intense et convaincant pour décrocher l'aval des Arabes en faveur de la demande algérienne», a-t-il été affirmé à ce sujet. Il l'a fait avec doigté face aux pressions exercées par le Maroc pour défendre sa candidature au même poste onusien qu'il a déposé au même moment où l'a fait l'Algérie. Il est souligné qu'en évidence c'est la forte plaidoirie faite en 2019 au Caire par le diplomate Nadir Larbaoui lors de la réunion des MAE arabes qui a assuré à l'Algérie un consensus arabe autour de sa candidature et pour le retrait de celle marocaine. Toujours en tant que tel, l'Ambassadeur avait fait taire le Maroc et sept autres pays du Golfe, en remportant le bras de fer qui l'avait opposé au Ministre marocain qui était soutenu par ces mêmes pays du Golfe en tête l'Arabie Saoudite, lors du 4ème Sommet arabo-africain qui s'est tenu du 22 au 24 novembre 2016 à Malabo, capitale de la Guinée équatoriale. Sommet à partir duquel le Maroc avait pour rappel annoncé avec fracas son retrait dès qu'il a vu l'emblème sahraoui trôner sur l'un des pupitres de la salle qui en avait abrité les travaux. Malgré le retrait de 8 pays arabes, le Sommet s'est tenu avec la participation de 54 pays africains et en présence des 2/3 des pays membres de la Ligue arabe.

Présenté comme étant «très discret mais terriblement efficace», c'est ce même ambassadeur qui a procédé le 30 juillet 2002 au dépôt et à l'enregistrement, auprès du Secrétariat Général de l'ONU, des instruments juridiques de ratification de la Convention portant délimitation des frontières terrestres entre l'Algérie et le Maroc.

Un diplomate brillant aux Nations Unies

Larbaoui a été en même temps Chef des négociateurs algériens pour la finalisation de la Convention portant délimitation des frontières maritimes avec la Tunisie signée à Alger le 11 Juillet 2011. Il avait par ailleurs, présidé en qualité de Directeur Général des Affaires Juridiques et Consulaires, la Commission Nationale chargée du rapatriement des Etrangers ayant fui la Libye et entrés en Algérie, au lendemain de la chute du Colonel Maamar El Kadhafi.

Il est retenu dans les rangs diplomatiques nationaux et étrangers que l'Algérie a toujours compté sur la pertinence de son ambassadeur en Egypte pour «exprimer exactement ce qu'elle pense des questions les plus importantes qui concernent le monde arabe et musulman et même au-delà». Larbaoui a déjà fait parler de lui en tant que diplomate brillant, entre autres, dans des moments cruciaux comme le déclenchement de ce qui est appelé hypocritement «les printemps arabes», à propos desquels il a défendu bec et ongles les positions de l'Algérie auprès de certaines monarchies. Il a eu à présider au nom de l'Algérie, de multiples réunions des conseils de la Ligue arabe et a été membre du Comité arabe pour la réforme de la Ligue. Il a été décoré par le Président palestinien de la Médaille de l'étoile d'El-Qods pour son rôle jugé exceptionnel et ses efforts pour le soutien au peuple palestinien et à sa cause juste et légitime.

Au-delà de toutes ces missions dont il s'est acquitté avec succès et au cours de ce long et pertinent cursus diplomatique, Larbaoui a été aussi Directeur du Maghreb arabe, Directeur des relations économiques internationales, Ambassadeur au Pakistan et aussi membre du Conseil d'administration du Centre maghrébin des Études et de la recherche.

Rappelé en octobre 2019 du Caire, l'on nous dit du côté du MAE et d'autres hautes institutions de l'Etat que «Larbaoui a toujours fait preuve de disponibilité pour apporter éclairages et précisions nécessaires sur des questions arabes et internationales importantes».

Sa nomination ces dernières heures en tant que représentant permanent de l'Algérie auprès des Nations-Unies confirme si besoin est, son efficacité dans la gestion et le règlement de questions épineuses qui pourraient affecter les intérêts nationaux. De prime abord et dés sa prise de fonction, Nadir Larbaoui devra tout de suite prendre en main les retombées de la rupture diplomatique -sur décision de l'Algérie- des relations avec le Maroc provoquée notamment par des agissements néfastes de son homologue marocain à l'ONU qui a mis le feu à la poudrière en juillet dernier après avoir tenu ce que le MAE algérien a qualifié de «communication aventuriste, irresponsable et manipulatrice».