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La lutte contre soi

par Abdou BENABBOU

On n'aura pas encore tout vu ni tout entendu. Après les intrusions catastrophiques du premier, du deuxième et du troisième variant du corona, voilà qu'il est indiqué un énième virus auquel on a attribué une dénomination aussi bizarre que son annonce.

«Mu» est le petit prénom que l'Organisation mondiale de la santé lui a attribué en référence à un continent englouti on ne sait où ni quand. Il a surgi en Colombie et il aurait dit-on l'intention de damer le pion à un autre de ses cousins, le C.1.2 qui voyagerait en Afrique du Sud. Mais au passage, l'organisation sanitaire mondiale indique qu'il n'y a pas lieu de s'inquiéter bien qu'il faille le suivre de près comme si Méphisto avec sa faucille se présentait et qu'il n'était pas du tout indiqué de s'alarmer.

Pour démailler ce véritable amalgame, fait de coutures étriquées d'annonces, il devient alors légitime de s'interroger sur la nature des fils cousus pour que la vérité s'établisse. Pour le moment une seule est évidente. Le monde dans sa globalité est dans un désarroi fastidieux, où les vaccinations, les tintamarres provoqués par les histoires de pass, les confinements forcés prêtent aux uns un champ propice pour des manœuvres politiques, à d'autres l'opportunité de s'enrichir davantage et à d'autres encore l'écoute d'un glas redondant. Le monde a fini par être éberlué ne sachant plus qui de la préservation de la santé ou de la témérité pour affronter les soucis de subsistance faudrait-il privilégier, les deux ne voulant pas se dissocier. Il a l'impression d'être embarqué dans un voyage et recul dans le temps pour un difficile exercice d'anthropologie lui permettant de savoir enfin de quoi il est né.

Jamais les questionnements n'ont été aussi lourds pour que l'espèce humaine, dans son étrange aveuglement, n'entrevoie que sa fragilité et sa vulnérabilité. Dans sa recherche laborieuse et sans doute infinie, elle commence à se rendre compte que le problème de l'environnement n'est pas seulement une histoire de lutte contre la nature, mais d'abord une lutte contre elle-même quand elle aura tout vu et tout entendu.