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Le SNAPO les soutient: Les pharmaciens de Constantine boycottent les distributeurs

par Khaled Boumediene

Le syndicat national algérien des pharmaciens d'officine (SNAPO) salue l'action de boycott des pharmaciens de la région de Constantine, lancée ce dimanche contre les distributeurs de médicaments.

Selon un communiqué, le bureau national du SNAPO se réjouit de cette initiative et tient à la soutenir. « Ce mouvement qui exprime la colère et le désarroi des pharmaciens de Constantine a connu un élan de soutien et d'encouragement de la part de nombreux pharmaciens des autres wilayas du pays. Il est marqué par une expression de colère qui consiste à ne pas passer de commandes à partir de ce dimanche. Cette action est venue pour protester contre les problèmes d'approvisionnement en médicaments que connaissent les pharmaciens et contre les multiples dérives enregistrées dans le secteur de la distribution des médicaments, tels que la rétention des stocks, la dissimulation des produits, les ventes conditionnées, les ventes concomitantes, la ségrégation entre pharmaciens et les pratiques anti-déontologiques. Mais, surtout c'est une expression de colère contre les ruptures de médicaments qui surviennent depuis plusieurs semaines. Le mouvement va se renouveler, dorénavant, chaque semaine. Des appels se multiplient à travers d'autres régions du pays pour que cette action, qui a l'air d'une grève blanche, se généralise à travers l'ensemble du territoire national ».

Le bureau national du SNAPO tient à rappeler que les pharmaciens d'officine vivent une situation insupportable et que le marché du médicament n'arrête pas de se dégrader surtout concernant la disponibilité des médicaments et l'approvisionnement des officines. « Les pharmaciens sont, dans la plupart des cas, incapables de répondre à la détresse des malades face à ces ruptures récurrentes et dont la liste ne cesse de s'allonger». Dans ce contexte, le syndicat rappelle également que « le décret portant organisation et fonctionnement des établissements pharmaceutiques a été présenté au gouvernement, sans la moindre concertation des pharmaciens d'officine, notamment le SNAPO, alors que ce texte était très attendu depuis des années. Ce projet de texte ne comprend aucune disposition déontologique pour les établissements de distribution, ce qui donne au fonctionnement de ces entreprises un caractère purement commercial et lucratif ».

Selon le vice-président du bureau national du SNAPO, Zefizef Abdelhak, « les premières estimations en matière d'adhésion à ce mouvement déclenché par notre bureau SNAPO de Constantine sont estimées à un taux de 70 % ».

Bien que la problématique des ruptures d'approvisionnement de médicaments ne soit pas nouvelle, les initiatives du SNAPO visant à alerter les pouvoirs publics, se multiplient ces derniers temps. « Nous avons recensé au 31 décembre 2020 la rupture de pas moins de 335 spécialités de médicaments, au niveau des étalages des officines pharmaceutiques sur l'ensemble du territoire national. Le hic, c'est qu'une bonne partie de ces génériques est de fabrication locale », a souligné hier M. Zefizef. Et d'ajouter : « il est étonnant de constater que cette situation d'indisponibilité des médicaments sur le marché national puisse continuer. Il serait plus judicieux à ce que des dispositions soient rapidement adoptées en Algérie et mises en place afin d'anticiper toute pénurie des médicaments et pour bien assurer leur gestion et leur résolution, parce que les pharmaciens sont très mal informés sur les risques de manque de médicaments. Aucun fabricant ne déclare à l'avance ces risques qui perturbent et les pharmaciens et les patients. Il faut encadrer juridiquement ces risques de ruptures de disponibilité des médicaments, afin d'optimiser la diffusion de l'information relative aux ruptures d'approvisionnement ».