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Selon les professionnels: La hausse des prix des véhicules d'occasion risque de durer

par R. N.

Les prix des véhicules d'occasion ne cessent d'augmenter en raison de la faiblesse de l'offre sur le marché. Une hausse qui risque de durer, malgré l'annonce de la relance de l'activité d'importation des véhicules neufs, selon des professionnels du secteur et des associations de consommateurs, contactés par l'APS.

Pour le président de l'Organisation Algérienne de Protection et d'Orientation du Consommateur et de son Environnement (APOCE), Mustapha Zebdi, la hausse des prix des véhicules d'occasion a connu son pic à partir du 2e semestre 2020. Selon lui, la baisse ou la stabilisation des prix des véhicules d'occasion ne sera palpable que si l'offre sur les véhicules neufs est plus compétitive que celles des véhicules d'occasion, avec l'importation de véhicules à des coûts raisonnables à la portée des bourses moyennes. Ce qui, ajoute-t-il, ne sera pas évident du fait des charges supplémentaires auxquelles seront soumis les importations de véhicules neufs, citant une taxe de 35%, le retour de la TVA à 19% ou encore la hausse des prix du transport maritime.

Pour sa part, le fondateur du site «largus.dz», Mourad Saadi, a évoqué le principe de l'offre et la demande pour expliquer la hausse des prix des véhicules d'occasion. Il explique que l'offre n'était pas conséquente depuis pratiquement 2017, estimant que les quelques 400.000 véhicules produits entre 2014 et 2019 par les usines de montage implantées en Algérie et représentants huit marques (Renault, Dacia, Volkswagen, Audi, Seat, Skoda, Kia et Hyundai) étaient loin de répondre aux besoins du marché.

Selon M. Saadi, le volume de véhicules qui seront importées en utilisant les 2 milliards de dollars annoncés par le ministre de l'Industrie, soit entre 120.000 et 150.000 voitures touristiques, «ne suffiraient pas à répondre aux besoins d'un marché local d'un volume de 400.000 véhicules par an, en moyenne». Concluant que l'importation des véhicules neufs n'engendrerait pas de baisse significative du prix des voitures d'occasion.

Par ailleurs, selon les professionnels, la hausse des prix des véhicules d'occasion peut atteindre 12% par rapport aux anciens prix showroom (prix des véhicules neufs). A titre d'exemple, un modèle très demandé d'une marque coréenne immatriculé en 2019, affiche le prix de 2.250.000 DA au marché d'occasion, alors qu'il était disponible chez les concessionnaires au prix de 2.130.000 DA, soit une hausse de plus de 5,5%.

Un chauffeur de taxi habitué à changer régulièrement de voiture s'est montré surpris de constater que le prix d'un modèle emblématique d'une marque française immatriculé en 2019 soit proposé à 1.810.000 DA, alors qu'il était facturé, à sa sortie d'usine, à 1.619.000 DA.

Ce que ce professionnel a justifié auprès de l'aps, par une offre modeste sur le marché vu que personne ne veut céder son véhicule tant que la disponibilité des voitures neuves n'est pas assurée.

Un jeune cadre rencontré chez un revendeur a dénoncé la «spéculation» pratiquée par certaines personnes spécialisées dans la revente des véhicules d'occasion qui «se sont approvisionnés» avant la rupture des stocks au niveau des showrooms des différentes marques pour imposer leur prix, maintenant que l'offre est très faible. Il a, d'ailleurs, étayé sa thèse en évoquant des véhicules immatriculés en 2020 affichant un kilométrage «insignifiant» et proposés par certains revendeurs, s'interrogeant sur l'origine de ces véhicules vu que l'activité de montage automobile en Algérie a cessé en 2019.