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Quel leadership l'initiative Desertec 2 a-t-elle pour l'Algérie ? (suite et fin)

par Zoheir Meziane*

Le groupe Sonelgaz avait participé à cet évènement où l'on ne peut manquer de remarquer que Dii-Desert Energy avait fait usage de son double titre, de société de service coorganisatrice de ce sommet et en même temps de candidat au partenariat avec le groupe énergétique algérien. La veille de cet évènement, dans son communiqué diffusé le 24 novembre 2019 par l'APS,le groupe algérien a tenu à expliquer l'importance de sa participation à cette rencontre évènementielle en indiquant que « Sonelgaz veut développer des axes de coopération avec «Dii Desert Energy» dans le domaine des énergies renouvelables», car il s'agit selon le communiqué « d'assurer le transfert de savoir-faire et de technologies et s'inscrire dans la politique d'intégration nationale». Les sites web d'organismes publiques ayant accompagné l'entreprise publique auraient pu être plus prolifiques sur ce rendez vous qui a regroupé plus de 300 décideurs de haut niveau du monde des affaires, de la politique et de la diplomatie.

Le transfert de savoir-faire et de technologies relevé dans le communiqué de l'entreprise publique énergétique et attendu de ce qui est supposé être « le partenaire allemand» est d'autant important pour l'Algérie qu'il s'agit à notre sens de le concevoir et de l'admettre plutôt comme préalable à toute décision sur des choix technologiques, de critères de choix, et d'émetteur du transfert. L'Organisation de coopération et de développement économiques considère que « les choix du partenaire étranger et du type de technologie à acquérir devraient constituer des décisions stratégiques pour les entreprises des pays en voie de développement, car ils déterminent les résultats du transfert de technologie». (OCDE, 1974). Les juristes admettent que tout transfert renvoie à un certain nombre de conditions liées notamment aux offres, aux critères, à la responsabilité à assumer par l'émetteur du savoir faire technologique.

Les échecs cumulés dans le domaine de transfert de technologie devraient nous inviter à plus de prudence et de rigueur en prenant le soins d'éviter ce critère de choix que Tugrul Atamer, professeur en management stratégique (les politiques de développement technologique -| Hubert Drouvot -1980) considère comme relevant de la pure subjectivité : «le choix du partenaire, du pays, ou de l'entreprise que la technologie ou bien la perception que l'on a du pays ou d'une entreprise, la sympathie éprouvée envers une entreprise et le choix de la technologie la plus avancée pour des raisons de prestige et non pour des raisons objectives».

Outre le transfert de savoir et de technologie, et les critères de choix des partenaires pouvant accompagner l'Algérie dans sa bataille pour relever le défi de la transition énergétique notamment par les options pour les EnR, il est temps aujourd'hui de miser sur les compétences algériennes dans l'exercice de l'étude et l'expertise en la matière. Alors qu'«on n'avait pas autant d'experts et d'entreprises dans le domaine en 2011 nous avons aujourd'hui 2500 experts dans le domaine de l'énergie renouvelable» avait affirmé le ministre lors de son passage à la radio chaine 3 le 25 février 2020. Lors du Conseil des ministres tenu dimanche 22 mars 2020, à la présidence de la République,le président Abdelmadjid Tebboune avait pris la décision «d'arrêter toute collaboration avec les bureaux d'études étrangers, ce qui permettra à l'Algérie d'économiser environ sept milliards de dollars par an». Décryptage : « l'Algérie peut bénéficier grandement de ses professionnels bien formés et très motivés, de son potentiel d'experts et des nombreuses expériences à travers le monde . Du pain sur la planche pour le CDER (Centre de développement des énergies renouvelables), l'APRUE (Agence nationale pour la Promotion et la Rationalisation de l'Utilisation de l'Energie, le CREDG (Centre de recherches et de développement de l'électricité et du gaz) et les départements chargés des EnR dans les entreprises publiques. Il est enfin clair que par-delà les aspects liés à l'étude et à l'expertise des projets EnR en Algérie largement à la portée des compétences locales, «nous chercherons, avait insisté le membre du gouvernement, tout en préservant nos intérêts, la meilleure initiative que ce soit avec Desertec ou d'autres opérateurs internationaux qui ont montré leur maitrise technologique dans ce domaine.» (radio chaine 3 le 25 février 2020). Mais, au vu des contraintes financières impactant la démarche du pays vers la transition énergétique, entrainées par les soubresauts du marché mondial énergétique, il serait impensable d'entrevoir le recours à des partenaires autres que ceux qui auront, dans le cadre de partenariats ou d'alliances, à offrir de bien meilleures formules.

Pour peu qu'elle puisse les optimiser dans le cadre d'un business model adapté à ses ambitions, l'Algérie a largement des atouts énergétiques et géopolitiques pour négocier un Gagnant/ Gagnant qui puisse lui ouvrir la voie à des financement s externes,avec des conditions favorables, sans garantie de l'Etat et une garantie financière sur le projet. Elle gagnerait également à valoriser ses atouts pour implémenter une industrie solaire génératrice de petites et moyennes entreprises et de startups, de développement du capital humain, avec une cessation graduelle du recours aux ressources gazières orientées plutôt vers les marchés étrangers et assurant de grandes économies pour le trésor public. En somme, une industrie de composants permettant de réaliser de meilleurs taux d'intégration ainsi qu'une véritable indépendance énergétique.

Gageons que pour cette incontournable orientation vers les EnR, garants d'un mix énergétique approprié, l'Algérie saura enfin relever de tels défis en réussissant ses options technologiques par la bonne gouvernance et les meilleurs choix de ses partenaires locaux ou étrangers, ce qui est vivement espéré surtout après que le Président de la République avait appelé, lors du conseil des ministres du 09 mars 2020 à «constituer un Haut conseil de l'énergie composé des compétences nationales locales et celles établies à l'étranger insistant sur l'impératif de traiter avec l'investisseur étranger dans la transparence totale pour éviter toute ambiguïté».

*Expert chercheur en IT



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