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Le Coronavirus: La fin de l'Union européenne, vers un nouvel ordre mondial, une opportunité pour l'Afrique et pour le Proche-Orient (Suite et fin)

par Bachir Habiballah*

L'Europe est préoccupée par ses propres problèmes et elle a d'autres priorités dont la gestion de la crise sanitaire, la gestion de la crise économique, et le sauvetage de ce qui restera de l'Unité Européenne.

Chaque pays européen va dans un premier temps se replier sur lui-même. Il va repenser sa politique industrielle et sûrement opter pour des stratégies plus nationales qu'européennes. Il encouragera le «fabriqué local» au détriment du «le moins cher».Il renforcera le contrôle de ses frontières et l'Africain qui était déjà mal accepté, ne sera pas le bienvenu en Europe.

La réponse donnée par la France et l'Allemagne à l'Italie devrait inciter l'Afrique à la prudence pour ne pas dire à la méfiance.

Quand le quarante-cinquième président des USA, Donald Trump, passait des semaines à incriminer la Chine et à minimiser la crise, au lieu de préparer son pays, quand on le voit tergiverser et dire : «cette crise est passagère et la crise financière fera plus de victimes que le coronavirus» et dire quelques jours après «il est absolument essentiel que le peuple américain suive les directives pour les 30 jours. C'est une question de vie ou de mort», l'Afrique ne devrait pas compter sur une aide sérieuse de la part ni des Européens ni de la part des Américains qui vont regretter le Obamacare, supprimé par Donald Trump.

Quand l'Afrique, qui a déjà ses services de santé malades, voit des pays comme l'Italie, l'Espagne, le France, le Royaume-Uni et les Etats-Unis, avouer leur impuissance face aux besoins sanitaires de leurs populations, quand l'Afrique voit les pays riches compter leurs morts, les stocker dans des gymnases et transformer leurs EHPAD en boucheries, doit- elle baisser les bras et abdiquer devant cette pandémie ?

Doit-elle se tourner vers la Chine qui commence à sortir de la crise du Coronavirus ? Cette Chine qui pavane et affiche son orgueil, oubliant qu'elle avait sanctionné son médecin qui avait été le premier à alerter sur le danger de ce nouveau virus, médecin mort en prison, emporté par ce même virus ? Cette Chine qui se réjouit d'avoir mis fin au confinement de sa population et qui vend ses masques aux plus offrants ?

Evidemment la Chine, profitant de son avance dans la solution à cette crise, va tout faire pour s'implanter de mieux en mieux en Afrique pour détrôner les Européens et assoir d'avantage sa route de la soie. Elle fera des gestes non seulement calculés mais surtout non suffisants.

L'Afrique devrait-elle, devant cette triste réalité, accepter de devenir un laboratoire où les puissances testeront leurs vaccins et leurs médicaments ?

Les gouvernements africains n'ont pas les moyens d'imposer le confinement à leur population. Les bidonvilles encerclent les grandes agglomérations, sans eau potable ni électricité. Beaucoup de cette population considère que le Coronavirus est «destiné» aux Blancs et qu'il ne les concerne pas. Par ailleurs, 80% de la population vit de l'économie parallèle, qu'aucun gouvernement africain n'a les moyens de remplacer en cas de confinement.

Le coronavirus tue plus les vieux que les jeunes. Bien sûr il y a des exceptions : un bébé mort emporté par le coronavirus alors qu'un Américain, âgé de104 ans, a survécu et à la grippe espagnole et au coronavirus. Rappelons que 70 % de la population africaine et arabe est jeune.

Le taux de létalité (pourcentage de décès rapporté au nombre total de personnes infectées) des gens atteints du VIH en Afrique, est supérieur à 80% alors qu'il est moins de 10% en Europe. En France par exemple, en temps normal et en moyenne 1.700 personnes meurent par jour. Peut-on comparer ce nombre à celui des morts tués par le coronavirus ?

En intégrant ces données, l'Afrique devrait, à l'instar de la Suède, protéger les vieux sans imposer le confinement et laisser sa jeunesse développer les anticorps et une immunité naturelle. L'Afrique est habituée à gérer des crises plus importantes et protéger les vieux est naturel chez elle. Pas besoin d'EHPAD, pas besoin d'intervention de l'Etat, la famille et la tribu jouent un rôle social prépondérant.

Dans quelque temps le Coronavirus aura vécu. Le combat de l'Afrique et des pays du Proche-Orient devrait se porter sur un autre terrain. La crise économique engendrée par la crise sanitaire va bouleverser le monde. Un nouvel ordre mondial verra le jour. Il sera défini par les Etats-Unis et la Chine qui finiront par s'assoir autour d'une table. La mondialisation pourrait y être sérieusement compromise.

Les Européens mettront du temps pour retrouver leur unité si elle subsiste à cette crise. Chaque pays va mettre cette unité entre parenthèse et pour un bon moment, pour définir sa propre stratégie sanitaire et économique. «Les vieilles divisions Nord/Sud n'ont hélas pas disparu et, à ce jour, il n'y a pas d'accord sur un plan d'intervention et de financement commun» regrettait le Cabinet Oddo BHF, ce jour du 7 avril 2020. Les leçons tirées de cette crise sont variées d'un pays à l'autre. Certains politiciens vont se polariser sur la productivité alors que des voix s'élèvent «pour reconstruire ensemble un futur écologique, démocratique, féministe et social, en rupture avec les politiques menées jusque-là et le désordre néolibéral».

On dit souvent que l'Europe avance pendant les crises ; probablement pas cette fois-ci. Elle pourrait être la grande perdante dans le nouvel ordre mondial.

L'Afrique devrait en profiter pour commencer à se libérer de la tutelle européenne, liée en grande partie à son histoire coloniale. Elle devrait essayer de trouver avec les pays du Proche-Orient la place qu'ils méritent dans ce nouvel ordre mondial qui se dessine.

Chinois et Américains finiront par trouver des solutions à leurs problèmes, entre autres le rôle du dollar, le rôle de la langue anglaise, la définition de la propriété intellectuelle, le contrôle de l'intelligence artificielle, l'introduction de l'Internet chinois adapté aux autres langues, la domination des régions cruciales dont précisément font partie les pays africains et les pays arabes. Pourquoi ces régions sont cruciales ? Beaucoup de pays ont été détruits dans ces régions et il faut les reconstruire (l'Irak, le Yémen, la Syrie, la Libye, le Soudan,?)

Les pays de ces régions cruciales possèdent des richesses naturelles dont dépendent les grandes puissances (hydrocarbures, matières premières de grande importance) et présentent des positions géographiques stratégiques. Ces pays ont une population très jeune, dont une partie, bien éduquée et bien formée, réside à l'étranger. Un atout de taille qui pourrait renforcer le local. S'il était donné à ces exilés les garanties et les moyens pour revenir vers leur pays d'origine. Ils pourraient faire inverser le sens de l'immigration qui se fera du Nord vers le Sud. Ils pourraient, avec les locaux, contribuer au transfert de technologie et à la baisse sur les prix des brevets pour pouvoir exploiter les richesses et industrialiser leur pays.

Sommes- nous à l'aube d'un second plan Marshall ? Le premier avait fait plus profiter les Etats-Unis, alors qu'il était destiné à la reconstruction de l'Europe. Les pays africains et du Proche-Orient devraient tirer profit de ce second plan.

Possible si les dirigeants de ces pays parlent d'une seule voix, écoutent leur peuple, monnayent bien leurs richesses, retrouvent leurs valeurs d'origine et se débarrassent de leur complexe. Dans son discours au Parlement britannique, le 2 février 1835, Lord Thomas Babington Macaulay disait : «j'ai voyagé à travers l'Afrique, je n'ai pas vu de mendiants ni de voleurs ; j'ai vu des personnes avec des hautes valeurs morales et je pense que nous ne pouvons pas conquérir ce pays, à moins que nous ne brisions / effaçons la colonne vertébrale de cette nation qui est sa spiritualité et son héritage culturel. Par conséquent, je propose que l'on remplace son ancien système éducatif et culturel, ainsi quand les Africains penseront que ce qui vient de l'étranger et en particulier de l'Angleterre est meilleur que ce en quoi ils croyaient, ils perdront l'estime de soi, leur culture et ils deviendront ce que nous voulons qu'ils soient, à savoir une véritable nation dominée». L'Allemagne a été complètement détruite durant la Seconde Guerre mondiale, ce qui ne l'a pas empêché de devenir la cinquième puissance mondiale et la première puissance industrielle en Europe. Un exemple qui appuie l'opportunité !

*Algérien vivant en France - Ancien Directeur Commercial chez Thales - Auteur de 3 romans ( Au Nom de l'Amitié et de l'Islam / La Blague qui a fait trembler Paris / Pierrot Le SDF)



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