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Arbitres et dirigeants sauvagement agressés !

par M. Zeggai

La violence dans les stades continue de faire des ravages. Chaque week-end apporte son lot d'agressions d'une extrême gravité, peut-être jamais enregistrées depuis l'indépendance, transformant les stades en arènes. En un mot, le football algérien est dans l'œil du cyclone et des vies humaines sont en danger. La situation est arrivée à un point de non-retour. Les instances du football sont dépassées par les évènements. Ce qui signifie que l'intervention de l'Etat est devenue plus que nécessaire, sinon obligatoire.

Comment interpréter cette passivité devant l'ampleur des incidents constatés ici et là ? En tous les cas, la situation est très grave devant la multiplication de ces actes inadmissibles. Le week-end dernier, un arbitre a été agressé et tabassé à Azazga lors du match contre le SA Sétif.

L'arbitre a failli y laisser la vie n'était-ce l'intervention de la police dans une main courante inexplicablement débordée par la présence d'indus. Dernièrement, un arbitre assistant du match Amel Seggana-N'gaous (championnat d'Honneur de la wilaya de Batna), a fait l'objet d'une violente agression de la part des joueurs du Amel Seggana. Diagnostic : fracture au nez et un visage ensanglanté, ce qui lui a valu une intervention chirurgicale. D'autres dépassements ont été enregistrés. A Oued R'hiou, les joueurs du CRT ont été malmenés dès leur arrivée au stade.

Omar Belatoui a affirmé avoir perdu le match avant de l'avoir joué, suite aux nombreuses intimidations subies par ses joueurs. A Arzew, Younes Ifticene, le coach de la JSMS, a dénoncé la pression exercée sur on équipe. «Il est impossible de jouer dans de conditions pareilles. Nos joueurs ont été obligés de se changer dans le tunnel menant au terrain», a-t-il dit. Ailleurs, le président de l'équipe du Moustakbel Sidi Abdelmoumene a été attaqué, ce qui lui a valu une évacuation à l'hôpital.

D'autres joueurs visiteurs n'ont pas échappé aux agressions dans les vestiaires. Pire encore, les dirigeants de l'IRB Bou-Medfaâ dénoncent un vol de licences dans les vestiaires avant son match devant l'ASB Ghriss. Selon les responsables de l'IRBBM, au moment où le secrétaire du club s'occupait de la rédaction de la feuille du match, il fut surpris par des inconnus qui se sont emparés de quatre licences. Plus encore, l'équipe visiteuse, interdite à l'accès au terrain, a effectué la traditionnelle séance d'échauffement dans les vestiaires comme le montre une vidéo dans les réseaux sociaux.

A Remchi, les dirigeants du CRB Ben Badis dénoncent, eux aussi, les dépassements et les intimidations dont a été victime leur équipe en fin de partie. Lors du match IST-WAM, un accompagnateur du Widad a subi une agression qui a nécessité l'intervention des agents de la Protection civile pour le transporter sur une civière. Où va-t-on ? Mais il fallait s'y attendre, quand vous avez des présidents de clubs qui sollicitent des «videurs» pour gagner leurs matches à domicile devant le regard médusé de certains arbitres et autres délégués. En somme, depuis le début de la phase retour, les incidents se sont multipliés et la recrudescence de la violence bat son plein, comme en témoignent les vidéos relayées dans les réseaux sociaux montrant des arbitres, des joueurs et des dirigeants agressés et livrés à eux-mêmes.

Dans le football national, c'est le langage de la jungle qui parle. Finalement, les réunions de sensibilisation préconisées par certains organismes, se sont avérées en fait improductives. Aujourd'hui, tout le monde est responsable de cette mascarade qui a mis notre sport-roi sur un brasier qui n'est pas près de s'éteindre. Le huis clos, ou les amendes financières où même le code disciplinaire n'ont plus aucun impact sur ce fléau qui prend de plus en plus d'ampleur d'une semaine à l'autre. Même les comités de supporters n'arrivent plus à maîtriser la situation. Au contraire, dans certains clubs, ces comités, manipulés par les présidents de clubs soucieux de leurs intérêts, ont contribué à alimenter la violence.

Le football est devenu un véritable phénomène social des temps modernes et son développement dépend de plusieurs paramètres avec également une presse dont le rôle est d'informer selon les règles d'éthique et de déontologie, sans tomber dans le piège de la désinformation et du favoritisme. Une étude approfondie s'impose pour analyser ce fléau pour déterminer d'abord les causes de cette recrudescence de la violence et, en suite, déterminer les responsabilités avant de punir avec la plus grande fermeté.