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Football - Violence dans les stades: Le point de non-retour atteint !

par Adjal L.

Encore une fois, la violence a refait sa réapparition après un calme relatif, période allant du coup d'envoi des championnats au mois de janvier. Le retour de ce fléau n'est pas fortuit ni une simple coïncidence. La plus grande cause est liée à la «championnite», un mot qui ne figure pas dans les dictionnaires et qu'il a fallu inventer pour illustrer la «soif» des résultats devant mener certains clubs vers des paliers supérieurs, tandis que d'autres visent à tout prix le maintien. Il est certain qu'il y a d'autres causes que seuls les sociologues pourraient décrypter comme le chauvinisme, et le sentiment d'appartenance au club. Il n'y a qu'à voir les «tifos» accrochés aux grillages des stades pour avoir une idée sur la passion des supporters. Récemment, nous avons vu l'une d'elles qui résume fort bien ce fanatisme excessif, dont le mot fan est l'abréviation anglaise aujourd'hui couramment utilisée. Hélas, ce fanatisme poussé à l'excès fait des dégâts dans et en dehors des stades. Jeudi dernier à Tlemcen, des conférenciers ont capté l'attention des sportifs avisés désireux d'en savoir plus, sous le thème «Le stade, une société à part ?» Nul doute que cette conférence a cerné fort bien ce phénomène, dans la mesure où il s'agit d'un sujet malheureusement d'actualité.

Les sociologues ont réussi à expliquer un tant soit peu l'une des raisons de cette violence dans les stades : «Le football est le sport le plus populaire, et tous les travers de la société s'expriment et se «lisent» sur le stade qui devient donc un exécutoire par où s'épanchent leurs déraisons».

Comme ailleurs dans le monde, le football algérien n'a pas échappé à ce fléau des temps modernes. Depuis quelques semaines, on a signalé des agressions d'abrites dans les divisions inférieures. Seule la Ligue 1 échappe, pour le moment du moins, à cette flambée de violence. Comment expliquer cette différence ? En vérité, les stades de ces paliers inférieurs ne sont pas assez sécurisés malgré les règlements en vigueur, ce qui encourage les agresseurs et autres fauteurs de trouble à pratiquer leur sport favori, «la violence». Ces derniers jours, nous avons été abasourdis par les vidéos circulant sur les réseaux sociaux où la «chasse à l'arbitre» était l'activité préférée d'une faune de supporters aveuglés par le chauvinisme. Certains referees ont été tabassés et blessés dont un sérieusement. D'autres ont échappé par miracle au lynchage en prenant leurs jambes à leur cou, grâce aussi à l'intervention du service d'ordre.

A quand les grands remèdes ?

On est loin de l'épilogue des divers championnats et tout peut être possible, que ce soit pour les accessions que pour les rétrogradations. Il faudrait croire que les agresseurs, par leurs actes à ce stade des épreuves veulent «conditionner» les arbitres officiant leurs équipes ainsi que leurs adversaires afin d'atteindre leurs objectifs. En 2020, à l'ère du tout numérique, il est inadmissible que des fans cherchent à fausser les compétitions. Il est vrai que les sanctions infligées par les tutelles par le passé ont fait l'effet d'un cautère sur une jambe en bois, selon l'expression consacrée. Aussi, devant la multiplication des actes de violence, nous suggérons aux Ligues et à la FAF de réprimer avec la plus grande rigueur les auteurs de ces agressions, les radier à vie sans aucun espoir de recours. Le huis clos et les amendes infligées aux clubs se sont avérés des expédients parfaitement inopérants, puisque la violence n'a jamais été jugulée. Répétons-le encore une fois, il faut radier les joueurs, les dirigeants, et même certains entraîneurs reconnus coupables. Il y a lieu même «d'effacer» les clubs responsables de ces dérives et veiller à ce qu'ils ne «ressuscitent» pas sous une nouvelle appellation. «Aux grands maux, les grands remèdes», dit-on. Si ces sanctions ne sont pas appliquées, il y a fort à parier que la violence ne quittera pas nos stades.

Jeu de coulisses et corruption

D'autres fléaux risquent de faire des dégâts d'ici la fin de la saison, à savoir les arrangements et la corruption. Tout le monde sait que ces dérives existent bel et bien, mais dans ce domaine très sensible, c'est toujours la loi du silence, hormis l'ex-président de l'USM Annaba qui a avoué avoir acheté des matches pour que son équipe accède et qui s'est retrouvé sous les verrous. Cette mésaventure devrait donner à réfléchir aux amateurs d'arrangements illicites. Cette semaine, il y a eu de l'agitation. Il a suffi que deux clubs bien classés soient obligés d'aligner de jeunes réservistes en raison du boycott des seniors et perdre leurs rencontres pour que tout s'ébranle. Des dirigeants intéressés par ces résultats ont crié sur tous les toits «qu'il y a eu arrangement qui risquent de fausser la compétition», selon eux. Et cette ambiance va se dégrader au fur à mesure du déroulement du championnat. C'est l'une des causes de la violence, les fans des clubs se sentant floués et blessés dans leur amour-propre. On se souvient que, ces dernières années, plusieurs structures étatiques se sont réunies et ont proposé des solutions.

Certes, il s'agit d'une réaction digne de respect, mais le vrai remède ce sont les sanctions les plus dures citées plus haut dans ce texte, quitte à brusquer les personnes qui trouvent leur compte dans la jungle actuelle.