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13 harraga secourus près des côtes espagnoles

par Houari Barti

Treize harraga algériens ont été secourus, hier, par les éléments du service maritime de la Guardia Civil espagnole au large des îles Baléares. Leur embarcation a été repérée par le Système intégré de surveillance extérieure (SIVE) vers 3h30 du matin dans le nord-ouest de l'archipel de Cabrera.

Selon des sources citées par les médias espagnoles, ce sont les harraga eux-mêmes, en difficulté, qui ont prévenu de leur arrivée dans les eaux majorquines.

Les 13 clandestins algériens ont été débarqués au port de Sa Rapita (Campos) où ils ont été pris en charge par les services d'urgence, car ils présentaient des signes d'hypothermie, avant d'être mis à la disposition de la police nationale espagnole pour les procédures d'identification en vu de leur rapatriement.

Au cours de l'année 2019, un total 41 bateaux, avec 507 migrants à leurs bords, ont atteint la côte des îles Baléares. 2019 a été ainsi l'année la plus prolifique en terme d'arrivées de migrants clandestins, selon la délégation du gouvernement des Baléares. L'île où la plupart des bateaux sont arrivés est Majorque, avec 14 bateaux et 162 personnes, suivie de Formentera avec 13 bateaux, mais plus d'occupants, jusqu'à 175. 11 bateaux sont arrivés à Ibiza, avec 145 personnes à bord, et 3 à Minorque, avec 25 personnes. Selon les mêmes sources, sur les 507 migrants, la plupart étaient des jeunes hommes d'origine algérienne, deux étaient des femmes et 42 étaient des mineurs. Aussi, est-il, par ailleurs, souligné que la plupart des bateaux sont arrivés au cours du second semestre, car seules deux personnes étaient arrivées sur les îles par bateau jusqu'au 5 août, les 505 personnes restantes étant arrivées après cette date. En règle générale, les migrants qui arrivent en Espagne de manière irrégulière sont placés dans des centres d'internement pour étrangers (CIE) en attendant d'être rapatriés vers leurs pays d'origine. Cependant, beaucoup doivent être libérés par manque de places, est-il précisé. Plusieurs plaintes ont déjà été déposées concernant le mauvais état de ces centres. Beaucoup sont saturés par l'arrivée massive de migrants illégaux en Espagne. Il y a deux semaines, l'un des détenus d'un CIE de Valence a publié une vidéo dénonçant les «conditions inhumaines» dans lesquelles vivent les migrants à l'intérieur de ces centres.

Les migrants algériens, deuxièmes après les marocains

Dans un rapport interne de la Commission européenne publié le 15 octobre dernier, on note que «de janvier à fin août 2019, 95% des migrants en situation irrégulière en Espagne sont arrivés à partir du Maroc, alors que seulement 5% sont partis d'Algérie». «Cependant, de septembre et jusqu'à octobre, le nombre d'arrivées en provenance d'Algérie a atteint 42% du total». L'augmentation des arrivées de migrants à partir de l'Algérie coïncidait avec une tendance plutôt à la baisse de l'ensemble des entrées irrégulières qui ont été réduites d'environ 50% par rapport à l'année 2018.

La «route» reliant l'Algérie aux côtes espagnoles est devenue ainsi la nouvelle préoccupation des autorités européennes, selon ce même rapport. L'émigration clandestine à partir de l'Algérie vers les côtes de Murcie, des Baléares et d'Alicante suit un schéma saisonnier et, selon l'analyse de Frontex, l'agence européenne des frontières, elle augmente généralement d'août à décembre. Cette année, elle a donc suivi la tendance des dernières années, mais avec toutefois un contexte différent. Les entrées irrégulières en Espagne (27 208) ont diminué de moitié par rapport à la même période en 2018, mais le cas algérien n'accompagne pas cette tendance baissière. En septembre et octobre, les arrivées en provenance d'Algérie ont augmenté de près de 50% par rapport à l'année précédente, souligne le rapport sans préciser la nationalité ou le total de ceux qui ont embarqué. «Bien que les autorités algériennes aient accru leur vigilance, les organisations criminelles font preuve d'une capacité croissante à adapter leur modus operandi», affirment les analystes ayant contribué au rapport de la Commission européenne.

De janvier à octobre 2019, un peu plus de 2 500 Algériens ont réussi à rallier les côtes espagnoles. Les arrivées globales, est-il toutefois noté, sont restées à des niveaux similaires à ceux de 2018, une année record au cours de la dernière décennie (plus de 4 300, selon Frontex). Parmi les nationalités les plus fréquemment enregistrées à l'entrée du territoire espagnol, les Algériens sont les seuls dont le nombre n'a pas diminué de façon spectaculaire. Actuellement, ils sont la deuxième nationalité la plus nombreuse atteignant les côtes espagnoles, après les Marocains. En 2018, ils étaient, selon le Haut Commissariat aux Réfugiés (HCR), en quatrième position.

Du côté de la rive sud, et selon le rapport annuel du Ministère de la défense nationale (MDN), publié vendredi 03 janvier dernier, l'année 2019 s'est terminée par un total de «3.053 tentatives d'immigration clandestine» et le sauvetage de 331 personnes.

L'Organisation Internationale pour les Migrations (OIM) a, pour sa part, enregistré, en 2019, un total de 1 283 migrants morts, toutes nationalités confondues, en tentant de traverser la Méditerranée. En outre, elle a enregistré 110 669 personnes qui ont réussi à atteindre l'Europe pour la sixième année consécutive d'arrivées massives.