Le regard, l'ouïe et
l'odorat sont exécrablement agressés à hauteur de la place Vassas
par une morbide ambiance orchestrée par des dizaines de véhicules de transport
public autorisés ou clandestins. Les stupides exclamations et les subits éclats
de rire bonasses des conducteurs de ces véhicules et d'une cohorte d'individus,
adeptes invétérés du gobelet en carton de café et dignes représentants de
l'informel, en activité dans ces lieux, ajoutent une esquisse exécrable à ce
spectacle pétri de ridicule.
«Les trois walis d'Oran,
qui se sont succédé ces 10 dernières années, ont chacun promis la réalisation
d'une gare routière pour mettre un terme à cette anarchie qui va crescendo.
Nous ne savons pas si les enfants de nos petits-enfants assisteront un beau
matin à son inauguration. Nous en doutons fort d'ailleurs», ont ironisé des
consommateurs attablés à une terrasse de café, en face de ladite place avant de
s'esclaffer. Ce piteux état de fait, additionné au squat des trottoirs
ceinturant cette esplanade, contribue grandement à l'embourbement de cette
sordide situation dans la mélasse. Notons que pas moins d'une demi-douzaine de
stations de transport public, dont l'une est réservée uniquement pour les
véhicules taxis, autorisés et/ou clandestins, sont répertoriés au niveau de
cette place, point vers laquelle convergent des centaines de véhicules par jour
pour accéder au centre de la principale commune de la daïra d'Aïn El-Turck, qui fait peine à
voir. Les autobus, les Karsans, les taxis autorisés
ou illicites et autres véhicules de transport en commun clandestins,
participent avec une gaieté stupide, frisant presque l'aliénation, à la triste
confusion, causée à la circulation routière et piétonnière. Des dizaines
d'usagers se retrouvent ballottés sans ménagement, dans cette pagaille, qui
constitue l'essentiel de l'ambiance sur cette place et ses rues adjacentes. De
fréquentes altercations éclatent assez souvent à ce sujet entre les usagers et
les transporteurs. A l'entrée de la rue de la Cave, lieu de stationnement pour
les véhicules de transport public, assurant la navette entre la commune d'Aïn El-Turck et celle de Bousfer ainsi que celle d'El Ançor,
la situation est encore pire. Cette venelle étroite, loin de répondre aux
normes requises pour une station, est souvent obstruée par les Karsans, dont certains conducteurs prennent souvent tout
leur temps pour redémarrer, créant ainsi un véritable goulot, attisant l'ire
des automobilistes qui se retrouvent bloqués. La même anarchie et les mêmes
comportements condamnables des uns et des autres sont malheureusement constatés
dans l'autre station de transport des bus desservant la ville d'Oran, située
sur la route menant au stade de football Ahmed Zabana.
La tombée du soir en ces lieux constitue le moment opportun pour un essaim de
véhicules clandestins, qui se manifestent de manière synchronisée autour de
cette placette pour prendre en charge les usagers, qui font encore le pied de
grue pour se rendre à Oran. «Ils nous sont finalement très utiles même s'ils
exigent le double de la course. Nous n'avons pas le choix, sinon comment faire
pour nous rendre à Oran», ont fait remarquer avec une pointe de dépit des
usagers. L'autre station urbaine, sise à hauteur de l'esplanade du 1er-Novembre
1954, en face de l'ex-siège de la daïra, en plein cœur du chef-lieu, est également
logée à la même enseigne. Il importe de noter à ce sujet qu'une superficie d'un
peu plus d'un hectare, longeant partiellement le CW 84, qui traverse le
quartier Bensmir, communément appelé douar Naquousse, à la sortie nord-ouest d'Aïn
El-Turck, a été retenue pour la réalisation d'une
gare routière, 10 ans auparavant, dans le but de désengorger la circulation
dans la place Vassas notamment. (Information
rapportée à l'époque par le Quotidien d'Oran). Un apport de 15 milliards de
centimes a été estimé pour financer la concrétisation de cet important projet,
dont les travaux n'ont toujours pas été lancés. Encore un projet mort-né à Aïn El-Turck, qui s'inscrit sur
la liste des absurdes utopies.