Entre une impression du «déjà-vu» et la simple ressemblance avec les pratiques de l'ancien système, les humeurs balancent. La rencontre gouvernement-walis sous le thème «Pour une Algérie nouvelle», qui se tiendra dimanche et lundi à Alger dans un nouvel esprit de gouvernance, établi sur la base d'une approche de développement «durable et harmonieuse» et mettant en valeur la qualité du cadre de vie du citoyen et son environnement, selon le ministère de l'Intérieur, devrait faire preuve d'ingéniosité et se tenir loin de tout esprit démagogique pour ne pas tomber dans le « bis repetita».

 Les mots percutants et le beau discours annonciateurs de cette rencontre ne diffèrent pas trop de ce que disaient ceux-là mêmes qui se sont avérés de vils commis de l'Etat et qui se trouvent aujourd'hui dans les geôles d'El Harrach. Quoique ces derniers, avec une maîtrise parfaite de l'art de l'esbroufe, usaient de termes accrocheurs, très convaincants, pour exposer gracieusement un état d'esprit «trompeur» qui voue un culte exagéré à la mère patrie. A les entendre discourir avant pareilles rencontres, on ne pouvait qu'applaudir les précédents gouvernements, dont l'un d'entre eux plaidait la décentralisation et exhortait les walis à «conduire les programmes de développement sur le terrain, faire face aux doléances des citoyens, et canaliser et maîtriser les situations de crises découlant de catastrophes naturelles ou provoquées par les perturbations sociales». C'est plus tard qu'on a été déçu en apprenant qu'il n'était qu'un voleur, un corrompu qui ne cherchait que son intérêt personnel. Difficile, donc, pour les citoyens de croire que cette nouvelle rencontre puisse aboutir à des améliorations dans leur existence. L'ancien pèse négativement sur le nouveau. On n'y peut rien tant qu'on n'a pas apporté la preuve du contraire. C'est vrai qu'il serait hâtif de demander des résultats dans l'immédiat à ce nouveau gouvernement, mais la situation lui impose de réaliser des résultats positifs palpables, en peu de temps. Rompre avec les vilaines habitudes du passé à travers une gouvernance rénovée et maîtrisée, améliorer le pouvoir d'achat, faire baisser le chômage en relançant la machine économique, voilà les grands défis du gouvernement, qu'il s'est engagé à réaliser. Toutefois, pas trop convaincant face aux députés, malgré l'adoption de son plan d'action par la majorité des membres de l'APN, le gouvernement devrait faire de cette rencontre avec les walis un second palier pour sortir des généralités et aller vers plus de précisions en matière de délais d'exécution des chantiers ambitieux qu'il a soumis à l'approbation des députés.

Conscient de cette impression de «l'anneau manquant à la chaîne» qui plane dans l'atmosphère, le Premier ministre, Abdelaziz Djerad, a affirmé que c'est cette réunion walis-gouvernement qui définira les priorités, traduira les mesures et fixera « avec précision » les délais d'exécution du plan d'action du Gouvernement. Certainement pas en une journée ou deux qu'on peut tracer avec précision les contours de ce laborieux travail, sinon on aurait organisé cette rencontre avant d'aller devant les députés, mais on peut sortir avec une ébauche sérieuse pour avancer vers une «Algérie nouvelle» et le laisser, surtout, voir par les citoyens en chemin.