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Tébessa: Les responsables des infrastructures culturelles à l'index

par Ali Chabana

La nouvelle ministre de la Culture, fraîchement nommée dans le gouvernement de M. Abdelaziz Djerad, vient d'effectuer une visite de travail dans la wilaya de Tébessa, où elle a déclaré, devant les organes de presse, être persuadée que la stratégie de son département ministériel s'inscrit parmi les paris de l'ensemble du gouvernement, politique, économique, social ou encore sécuritaire et évidemment culturel. Elle invite les gestionnaires des structures culturelles à assumer leurs responsabilités de gestion ou de céder leurs postes à d'autres. La ministre ne voudrait pas que les infrastructures culturelles ou artistiques fonctionnent à des horaires administratifs, appelant leurs gestionnaires à les laisser ouvertes après les heures de travail, autrement dit les bibliothèques, les musées et autres ateliers destinés à des activités culturelles ou artistiques.

D'autre part, les responsables des collectivités locales devront ouvrir les portes de ces structures devant toutes les associations activant dans les espaces culturels. En se rendant au musée public d'archéologie, la ministre, Malika Bendouda, a eu droit à un survol historique de la région de Tébessa, de la préhistoire, et la civilisation atérienne (entre 66 à 20 mille ans), l'époque phénicienne et numidienne (240-146 avant J.-C.), jusqu'à l'époque contemporaine, en passant par l'ère romaine, byzantine et puis l'avènement de l'ère musulmane et ottomane, avec à chaque phase des témoins et vestiges de la période indiquée. La directrice du musée, Mme Mokrani, a dressé un tableau plutôt positif de la structure, ouverte à tous, dont notamment les enfants des écoles et les étudiants et chercheurs de l'université. Un musée doté d'une bibliothèque et d'une salle de conférences. Dans la basilique romaine dite de Sainte Crespine, l'un des lieux de culte le plus ancien de l'Afrique du Nord et l'un des plus importants au monde, à cette époque, s'étalant sur une superficie de 16.000 m², créée en 315 avant J.-C. Dans l'enceinte, ont été découvertes dernièrement des catacombes qui sont en fait des excavations souterraines servant de lieu de sépulture durant l'Antiquité, qui seront revalorisées et équipées d'éclairage intérieur. Sur le site, la ministre de la Culture a déclaré que ces pierres, témoins historiques, ne doivent pas rester muettes, elles doivent être transformées en un produit culturel qui doit être commercialisé. En d'autres termes, les ruines et vestiges historiques sont un bien qui appartient à notre patrimoine collectif, de ce fait, il est appelé à être préservé, valorisé et promu, dans la perspective de projets de tourisme culturel, invitant les petites entreprises à investir dans le créneau.

Petit bémol, fallait-il attendre la visite d'un membre du gouvernement pour balayer et arroser les alentours de certains sites, ou enlever des ordures, plaies ouvertes durant l'année dont souffrent les monuments historiques et archéologiques sis au chef-lieu, l'amphithéâtre romain en est l'exemple parfait de la dégradation de son environnement, la partie de la fortification byzantine et d'autres ruines et vestiges soumis à des actes d'agression à longueur d'année. Une visite qui, selon certains milieux culturels de la ville chère à Cheikh Larbi Tébessi, donne une seconde chance à l'antique Thevest de sortir de son marasme culturel et artistique, éliminer les entraves bureaucratiques qui rendent l'activité culturelle sujette à des contraintes dont sont l'objet beaucoup de créateurs et promoteurs. La pâte existe, il faudra seulement la bien modeler.