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L'IMPÔT A BESOIN D'UNE REVOLUTION

par Abdou BENABBOU

Tout le monde s'accorde à dire que l'impôt tue l'impôt et finalement le gouvernement semble décidé à tourner le dos à une pratique ancrée depuis des lustres privilégiant ce qui était apparenté à une gabelle et on vêtait les officiers du fisc d'habits de champarteur. Jusqu'ici, l'impôt n'avait que deux adresses où il était loisible de puiser : les hydrocarbures et le monde du travail activant dans une totale clarté. L'administration du fisc prêtait à penser que près de la moitié de l'économie algérienne, tapie dans l'ombre et dans l'informel, devait bénéficier d'une magnanimité obligée, considérant ce fabuleux secteur tentaculaire comme terrain mouvant et délicat dépassant les champs d'action des percepteurs.

Le gouvernement affirme, dans le programme d'action qu'il présentera aujourd'hui au Parlement, que la politique fiscale va être totalement revue. L'Etat se dit décidé à prendre le taureau par les cornes pour imposer de nouvelles règles susceptibles de redynamiser une économie nationale désaxée par de multiples aspects. A l'heure actuelle et plus que par le passé, elle affronte une catastrophe donnant lieu à des faillites commerciales par milliers et des mises en chômage de millions de travailleurs.

Il serait trop hâtif pour le moment de prétendre venir à bout d'une économie informelle née d'origines variées profondes et les petits coups de boutoir que lui donnent les autorités locales ont toujours eu de bien légers effets. Le génie nécessaire dans l'immédiat est de trouver une recette efficace pour maintenir debout ce qui est droit encore et permettre aux acteurs économiques armés d'une honnêteté sans faille de garder le peu de patriotisme qui leur reste. Une révolution fiscale serait un des remèdes les plus indiqués. Les débarrasser du garrot du trop-plein d'impôts, de taxes et de charges serait une heureuse porte ouverte pour stimuler le marché du travail.

Il est certain qu'une telle stimulation offrirait à tous les opérateurs encore actifs d'atténuer la force du monde de l'informel et engagerait d'autres à sortir de l'ombre. L'Etat sera gagnant à plus d'un titre et l'impôt recouvrera sa noblesse.