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Hirak, relogement, violence dans les stades...: Les services de sécurité à rude épreuve

par M. Aziza

Le Hirak, ou le mouvement de contestation populaire, entamé depuis le 22 février dernier et qui se poursuit toujours, ainsi que les contestations sociales quasi quotidiennes, ont mis à rude épreuve les services de sécurité, notamment la police, durant l'année 2019. Du côté des forces de l'ordre, pas moins de 1.053 policiers ont été blessés et 340 véhicules de police ont été détériorés, dans différentes opérations de maintien de l'ordre, dans la région Centre (regroupant 11 wilayas du pays). Le nombre des interventions a atteint 23.531 opérations. Du côté des contestataires, que ce soit des manifestations à caractère social ou politique (celles du hirak notamment, les vendredis et les mardis), pas moins de 1.059 personnes ont été interpellées durant l'année 2019. Tels sont les chiffres présentés et commentés par l'inspecteur régional de la région Centre de la Sûreté nationale, Bencheikh Zinedine Farid, hier à Alger, lors de la présentation du bilan annuel des activités des services de la police de la région des wilayas du Centre.

Interrogés sur les arrestations qui s'opèrent tous les vendredis, M. Bencheikh a affirmé qu'il s'agit beaucoup plus d'interpellations que d'arrestations. Et de préciser que les interpellations se font souvent à titre préventif. «Ce sont en fait des contrôles d'identité pour savoir qui est cette personne, d'où elle vient et pour quels motifs». «Les personnes interpellées sont notifiées. C'est ce qu'on appelle la main courante qui permet surtout de faire noter par les forces de l'ordre l'identité de la personne interpellée, pour que, en cas de problème, elle sera rapidement repérable».

Pour ce qui est des arrestations, il a indiqué «qu'aucune arrestation n'a été faite sans raison» en précisant que «ce n'est pas la police qui interdit les manifestations, mais c'est la loi». «C'est le pouvoir régalien qui décide, le maintien de l'ordre c'est l'Etat, et la police représente l'Etat». Il précise encore que «les manifestants ont la liberté de manifester ou de marcher comme ils veulent, mais leur liberté s'arrête là où commence celle des autres». En soulignant que les manifestants ne sont parfois pas au courant de ce qui se passe autour d'eux. Il y a certains citoyens qui se sont retrouvés coincés, n'arrivant pas à transporter leurs malades à temps à l'hôpital, notamment ceux qui habitent à Didouche-Mourad. «Je vais vous surprendre ; celui qui travaille au commissariat de Didouche-Mourad a demandé un agent supplémentaire pour qu'il puisse l'aider pour l'enregistrement des plaintes les vendredis, notamment pour des histoires de vols de portables ou vols de porte-monnaie, où les auteurs sont le plus souvent rapidement appréhendés». M. Benchikh a affirmé que «la foule est anonyme, il ne faut écarter aucun risque, d'où la présence en force, comme vous avez pu le constater, de nos services dans chaque manifestation».

Il a affirmé en outre que la Sûreté nationale a lourdement contribué pour encadrer et sécuriser les 51 vendredis et 50 mardis, sans parler des autres manifestations en général. Des moyens matériels et humains sont mobilisés chaque semaine (avec un nombre important de policiers en civil, qui sont parmi la foule) et avec des renforts parfois des autres wilayas. Avant toute manifestation ou marche une évaluation de risque ou évaluation des masses est au préalable établie. Sans parler, dit-il, de l'intervention de la police dans les opérations de relogement et dans les stades. «Des manifestations ou des opérations qui doivent susciter la joie, mais malheureusement elles sont souvent entachées de scènes de violence».

Concernant la violence dans les stades, les services de police ont effectué 48 interventions, où pas moins de 49 policiers ont été blessés et 25 véhicules de police ont détériorés. Le nombre des arrestations est autour de 372. Les services de police ont également accompagné les autorités locales dans 65 opérations de relogement, durant lesquelles des policiers ont été blessés.