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Une unité de confinement «unique» non exploitée

par Mokhtaria Bensaâd

Au moment où la direction de l'hôpital d'El Kettar, à Alger, rassure sur le dispositif spécial mis en place pour faire face à l'épidémie de Coronavirus et aussi la prise en charge des ressortissants algériens établis à Wuhan en Chine et rapatriés à Alger, des voix s'élèvent mettant en doute la fiabilité de ce dispositif et son efficacité pour sécuriser la santé des patients dans cet hôpital. C'est le professeur Fatiha Razik, spécialiste en maladies infectieuses et ayant exercé à l'hôpital d'El Kettar, qui tire la sonnette d'alarme sur le dispositif mis en place.

Contactée hier, ce professeur affirme que «ce dispositif est erroné et ne peut permettre un contrôle rigoureux pour les sujets asymptomatiques, porteurs du virus mais ne présentant aucun signe clinique». Le professeur Fatiha Razik regrette que «malgré nos tentatives menées auprès du ministère de la Santé pour l'ouverture du centre P3 qui est une unité de confinement niveau de sécurité biologique 3 au service infectieux avant l'arrivée des ressortissants algériens rapatriés de Chine, rien n'a été fait et ces personnes seront placées dans des chambres ordinaires et dont l'isolation ne protège pas les patients et le personnel de l'hôpital». Le même professeur a expliqué que «le projet de l'unité P3 a été bloqué en septembre 2018 alors qu'il était sur le point d'être achevé avec la mise en place du mobilier et la réception des sanitaires. «Nous avons essayé de lancer un appel au nouveau ministre pour que ce centre P3 soit prêt avant l'arrivée des ressortissants algériens puisqu'il ne restait pas grand-chose pour qu'il soit fonctionnel, mais notre appel n'a pas été entendu et c'est la santé publique qui est menacée». Ce centre a été conçu pour prendre en charge les maladies émergentes et les maladies ré-émergentes à transmission par voie respiratoire telles que le coronavirus ou inter-humaine. Il comporte un couloir en dépression de -30°, 8 chambres dont 6 chambres en dépression négative pour accueillir les patients atteints du coronavirus et 2 chambres en pression positives pour la prise en charge des personnes fragilisées en plus de 2 autres chambres avec des lits de réanimation, ajoute la spécialiste. «Il s'agit d'un projet unique en Afrique», a souligné ce professeur, réalisé après les expériences qu'a vécues l'Algérie avec les épidémies mondiales du SRAS, Ebola, grippe aviaire..., et qui ont incité à l'ouverture d'un tel centre pour faire face à ces épidémies». «Pourquoi le ministère de la Santé ne s'est pas manifesté pour ouvrir ce centre en voie d'achèvement et préféré placer les personnes venues de Chine dans des chambres qui ne disposent pas des moyens adéquats pour la prise en charge de telles épidémies ?», s'interroge le professeur Razik.

De son côté, le service infectieux «El Hadi Flici», à l'hôpital d'El Kettar, a rassuré que les personnes rapatriées de la Chine ont été mises en quarantaine pour une durée de 14 jours avec tout le dispositif nécessaire pour leur prise en charge.