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Médicaments: Des opérateurs pour une révision des prix

par M. Aziza

Le marché pharmaceutique algérien a connu une croissance d'une moyenne de 10% chaque année, notamment au cours de ces quatre dernières années. L'augmentation de la couverture médicale et des dépenses de santé par habitant n'a pas cessé d'évoluer en raison de la combinaison de plusieurs facteurs : l'explosion démographique, l'émergence des maladies chroniques et une bonne couverture sociale ainsi que la généralisation du tiers payant, avec une base industrielle locale en développement. L'Algérie est dans le top 20 du marché pharmaceutique dans les pays émergents. Mais selon les professionnels, cette croissance d'une année à une autre a connu un fléchissement au cours de l'année 2019 en raison de la crise politique qui secoue le pays. «La croissance était à peine de 0 à 1% jusqu'au mois d'octobre, faible par rapport à la taille du marché », nous dira Dr Hachi, directeur général du groupe El Kendi, lors d'une rencontre conviviale avec la presse, tenue à l'Hôtel Sheraton jeudi dernier.

En dépit des difficultés liées à la situation du pays en 2019, précise-t-il, El Kendi a maintenu sa position de 2ème laboratoire du marché pharmaceutique algérien et a assuré une parfaite disponibilité de ses médicaments, à l'instar d'autres groupes. Il prédit un retour de la croissance dès cette année 2020. Il a reconnu que son groupe a enregistrée un manque à gagner suite au retard d'enregistrement des médicaments qui était déjà prévu pour l'année 2019. Mais, le groupe a déjà tracé une stratégie pour se rattraper au cours de cette année 2020 pour se maintenir dans sa position de leader. Et ceci en lançant une vingtaine de molécules qui apportent un service médical important aux patients. Avec l'objectif également de renforcer sa présence sur le marché hospitalier qui actuellement est très timide (seulement 8%), selon les reproches de la pharmacie centrale, la PCH. El Kendi a aussi pour objectif en 2020 de se lancer dans l'export de ses médicaments et contribuer ainsi au développement de l'économie nationale. Il a déjà homologué ses laboratoires dans cette perspective dans plusieurs pays de la région, en Afrique de l'Ouest, en Libye, au Soudan et en Jordanie.

La révision des prix est une priorité

A l'instar de tous les membres de l'UNOP, El Kendi a estimé qu'aujourd'hui l'industrie pharmaceutique en Algérie a réalisé une croissance fulgurante où 50% des produits pharmaceutiques consommées ont été produits localement. Pour le DG d'El Kendi, cet acquis doit être préservé et développé davantage pour passer du statut de producteur à celui d'exportateur. Mais, dit-il, il faut en priorité procéder à la révision des prix ou prévoir cette révision en concertation avec les producteurs. Selon lui, les prix actuels vont à terme casser la dynamique de croissance et surtout le développement de la production locale, et bloquent la possibilité de réinvestissement. Il explique que «parfois les investisseurs n'arrivent pas à supporter les coûts de la production par rapport aux prix des médicaments qui sont fixés» en précisant que «les fournisseurs du secteur de matières premières pharmaceutiques augmentent les prix, je cite l'exemple de la substance de valsartan dont les prix ont augmenté considérablement suite à une crise en 2018. Ils sont passés de 90 dollars à 400 dollars le kilo, ce genre d'imprévu impacte considérablement le coût de la production, d'où la nécessité d'une concertation avec les producteurs locaux pour la révision des prix de certains médicaments, pour garantir la pérennité de la qualité des produits et leur disponibilité ainsi que la sauvegarde de l'industrie pharmaceutique locale».