Envoyer à un ami | Version à imprimer | Version en PDF

L'appel de la fille de Lakhdar Bouregaa

par Houari Barti

«Je préfère mon père en symbole vivant qu'en martyr». C'est en ces termes poignants que Nabila Bouregâa, fille du Moudjahid Lakhdar Bouregaa, en détention provisoire à la prison d'El Harrach à Alger depuis fin juin dernier, a conclu son appel à solidarité pour la libération de son père.

Dans un message partagé sur sa page facebook, vendredi, Nabila Bouregaa, dont le père, âgé de 86 ans, vient de subir une opération à l'hôpital Mustapha Bâcha, affirme que « c'est pour informer le monde et prévenir de sa situation» qu'elle écrit aujourd'hui. «Arrivée à l'hôpital afin d'avoir des nouvelles de mon père, je n'ai pas été autorisée à lui rendre visite et ce n'est que par pur hasard si je l'ai aperçu au détour d'un couloir sur un fauteuil roulant», écrit-elle. «Il m'a souri, mais son sourire était teinté de fatigue, je n'avais jamais vu mon père dans cet état. Mon père va sur ses 87 ans et, au lieu d'être entouré des gens qui l'aiment, sa compagnie se résume à des policiers qui le surveillent et qui bloquent chaque entrée», a-t-elle regretté. «Ont-ils attrapé un dangereux criminel qui risque de s'enfuir à tout moment ? Non, bien évidemment que non», répond-t-elle, avant d'expliquer: «Son seul crime a été de défendre son pays.

Crime qu'il commet depuis 65 ans et qui, si la situation ne change pas, lui coûtera la vie.» Nabila Bouregaa qui se dit «soutien de la première heure du combat de son père et du Hirak», avoue, néanmoins, préférer son père «en symbole vivant» qu'en «martyr». Dans un communiqué datant du 22 octobre dernier, la famille de Lakhdar Bouregaa, avait déjà adressé un «appel urgent» aux «autorités judiciaires, en premier lieu, ainsi qu'à toutes les institutions de l'Etat algérien, et à toutes les personnalités nationales» demandant «sa libération», compte tenu «de l'état d'humiliation et d'exploitation» dont il est l'objet et en raison de «son âge avancé et de son état de santé qui se détériore tous les jours». Le document rappelle les «positions que l'homme n'a jamais cachées, les dures conditions vécues durant sa jeunesse et pendant la révolution de la libération nationale, ainsi que la longue période d'incarcération qu'il a endurée après l'indépendance». «Toutes ces conditions ont empreint chez lui un sentiment particulier d'injustice et de manquement à son égard», et une impression de «dédain pour les valeurs pour lesquelles ses prédécesseurs et ses frères ont combattu», ce qui explique, ajoute le communiqué de la famille que «ses réactions sont parfois empreintes des effets de ces conditions et sentiments».

Pour toutes ces raisons, la famille de Bouregaa en «appelle» à «toutes les parties et les personnalités» à «comprendre ces conditions et à mettre fin à la négligence» dont fait l'objet le moudjahid Si Lakhdar, et «d'intervenir en faveur de sa libération». Le moudjahid Lakhdar Bouregaa a été transféré au cours de la semaine dernière en urgence de la prison d'El Harrach vers l'hôpital Mustapha Bacha pour y être opéré d'une occlusion intestinale.