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Tlemcen: L'apport de l'Ecole nationale des ingénieurs de la ville

par Khaled Boumediene

Les élus sont les acteurs du devenir de leur territoire. Ils en portent la vision et s'investissent dans la protection des personnes et des biens, partout où les risques naturels sont présents.

La prise en compte des conséquences d'une inondation est donc un paramètre essentiel. Inauguré, récemment, par le ministre de l'Intérieur, des Collectivités locales et de l'Aménagement du territoire, Salah-Eddine Dahmoune, l'Ecole nationale des ingénieurs de la ville de Tlemcen (située à Chetouane), vient à point nommé pour accompagner les efforts des autorités et des élus locaux d'assemblées populaires communales (APC), dans les domaines de l'aménagement urbain et la gestion technique et environnementale. Cet établissement qui enseigne 44 spécialités constitue ainsi un formidable pôle d'excellence spécialisé, pouvant apporter aux cadres techniques des connaissances théoriques modernes dans tous ces domaines techniques et scientifiques, ainsi que des méthodes pratiques, en composant avec les différentes problématiques posées aux élus locaux et à l'ensemble des acteurs du territoire, dont le risque d'inondation. Longtemps, la gestion du risque a été éloignée des plans d'aménagement communaux et limitée par les élus à la réalisation de quelques infrastructures insuffisantes et inefficaces pour protéger les villes des inondations provoquées par les intempéries. Dans de nombreuses villes, les projets d'aménagements conçus par les autorités locales ne sont pas réellement adaptés aux risques d'inondations à cause de la méconnaissance des enjeux territoriaux. Des constructions illicites obstruent les passages des cours d'eau dans les zones inondables, ce qui expose les habitants aux risques des crues. Selon l'expert Amiche Allaoua qui a présenté dernièrement une communication intitulée : « Comment réussir à intégrer les risques d'inondation dans nos aménagements urbains », à l'occasion de l'ouverture de l'année scolaire 2019/2020 de l'Ecole nationale des ingénieurs de la ville de Chetouane, la prise en compte de la question du risque passe par une nécessaire évolution de nos territoires. « C'est aux élus et des acteurs de l'aménagement de faire de la prévention des risques d'inondation, un sujet au cœur du développement du territoire. Cela nécessite un engagement dans une démarche collective, fruit d'une volonté partagée avec les services de l'État et l'ensemble des acteurs du territoire en vue d'adapter les territoires sans occulter les réalités que le changement climatique impose de placer au cœur de la décision publique.

Il est donc important de transformer nos territoires actuels, très fragilisés. Il faut prendre en compte les risques d'inondations dans les communes. Il faut redonner de la place à l'eau, adapter les bâtiments et les quartiers actuels très vulnérables, végétaliser certains secteurs, connaître et identifier les zones d'écoulement, etc. Autant d'actions qui imposent de faire partager le plus possible l'enjeu risque, qui ne doit pas être vécu comme une contrainte mais comme une mesure d'évitement d'une paralysie future totale du territoire en cas de survenance d'une catastrophe. Les autorités locales doivent aussi imposer des règles pour la prise en compte des risques dans l'aménagement du territoire, pour gérer les constructions existantes et les projets nouveaux.

De nombreux quartiers et cités résidentielles sont exposés aux risques d'inondations, et leurs constructions ne sont pas adaptées aux débordements de cours d'eau rapides ou lents, coulées de boues, remontées de nappe et aux ruissellements pluviaux, etc. », a expliqué le professeur Amiche Allaoua. Il a d'abord plaidé pour la connaissance des risques pour pouvoir intégrer dans les projets urbains à l'échelle d'un territoire, d'une ville, d'un quartier ou d'un projet ponctuel. La démarche à suivre devra sortir de l'échelle ponctuelle, c'est-à-dire, de la parcelle ou la construction, pour raisonner à trois échelles, à savoir le territoire, la ville et le quartier.

Il a plaidé ainsi pour la protection des zones urbanisées par des aménagements adéquats (digues, retenues collinaires, petits barrages, etc.) et le choix de protections appropriées aux bons endroits pour réduire la vulnérabilité des terrains inondables face au risque d'inondation, la localisation des enjeux pour situer les infrastructures urbaines en fonction de leur importance et les activités urbaines (logements, commerces, industries, infrastructures de transport, établissements de santé, sièges de la police, établissements d'éducation, stations d'épuration, etc.), l'amélioration de la connectivité (plans ORSEC) et l'exploitation des techniques d'aménagement alternatives pour faciliter les écoulements, concevoir des bâtiments adaptés aux inondations et concevoir des systèmes d'évacuations des eaux de pluies adaptés.