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LA CHARRUE AVANT LES B?UFS

par Abdou BENABBOU

La promotion immobilière est, selon les très initiés, au creux de la vague. Le harcèlement intempestif de plus en plus pressant des huissiers a fini par la mettre au pied de ses murs chatoyants et mirifiques. Les promoteurs assurent qu'aucun appartement ne se vend et qu'ils font face aux lourdes réclamations des banques qui exigent leur dû. La baisse des prix des logements qu'ils ont construits et les nouvelles facilités de paiement accordées se sont avérées des coups d'épée dans l'eau et leur désarroi n'a d'égal que les longues nuits blanches avec lesquelles ils apprennent à prendre lien.

Nous ne sommes pas loin d'un bug comparable à celui survenu ici et là à travers le monde et le séisme provoqué avait par ses ondes sérieusement secoué jusqu'aux fondements de l'aléatoire raison d'être de certaines populaces sérieusement désappointées.

Le logement est sans conteste un droit inaliénable de chacun jusqu'à représenter ici bas la plus honorable commodité de la vie. On accorde souvent au toit la symbolique d'une sépulture vivante et dans notre culture on le pousse à l'unisson avec le tombeau de la finalité. Mais il est malheureusement constaté que l'habitation est devenue le premier préalable pour nouer avec l'existence et peu importe l'absence des capacités plurielles mais nécessaires pour qu'un logement ait un sens. Au-delà des impératifs environnementaux qui consolident la signification réelle d'une habitation, la majorité des Algériens exige un logement sans se préoccuper des attributs pour y faire face.

On comprend difficilement que l'on réclame une propriété en bien propre ou en location alors que l'on est dans un chômage éternel, que l'on n'a pas de quoi manger le soir et incapable d'honorer une petite facture d'électricité. La manie de mettre la charrue avant les bœufs est bien un sport national généralisé.

Avec une démographie galopante, une crise économique, politique et sociale profonde, il est à l'évidence impossible de remonter la pente effarante dans laquelle glissent sans retenue population et gouvernants. L'habitat n'étant pas un électron libre, il devait s'inscrire dans une politique harmonieuse censée faire germer ensemble et en même temps l'éducation dans son sens le plus large, l'emploi et un ensemble d'ingrédients indispensables pour qu'il ne devienne pas un jeu fatidique entre le citoyen, les huissiers et les banques.