Triste réalité vécue tout au long de cet été
caniculaire, le manque d'eau potable dans une bonne partie de la ville de
Tiaret qui connaît une extension urbanistique effrénée. En effet, le réseau
d'alimentation en eau potable n'arrive plus à couvrir les besoins d'une ville
de plus de 300.000 âmes, surtout pour les nouveaux quartiers de la nouvelle
ville de Z'mala sur les hauteurs de la ville, et
certains ensembles d'habitants du nord de la ville qui vivent un véritable
cauchemar. Casse-tête chinois pour les autorités locales, le problème
d'alimentation en eau potable continue à constituer le premier motif de
courroux des populations, excédées par des robinets à sec depuis plusieurs
mois. Nombreux sont les habitants des nouveaux quartiers comme la cité Kaïd Ahmed (ex-AADL) qui ont carrément mis leurs logements
en vente, faute d'alimentation en eau potable. La semaine dernière encore, le
conseil de wilaya s'est penché sur ce dossier épineux, une réunion durant laquelle,
selon un communiqué de la cellule de communication du cabinet du wali, la mise
en service prochaine du transfert d'eau à partir de la nappe phréatique de
Chott Chergui a été annoncée. Mais selon des experts en la matière comme M. D.
Aït Amrane, le problème de l'eau potable risque de
durer très longtemps après l'abandon du transfert des eaux de la station de
dessalement d'El Macta, dans la wilaya d'Oran. Pour lui, seul le projet de
transfert de Chott Chergui pour l'approvisionnement du sud de la wilaya de
Tiaret est maintenu, alors que celui de la station de dessalement de la Macta
est abandonné faute de ressources financières. «Le nord de la wilaya de Tiaret,
le chef-lieu en particulier, doit patienter encore longtemps puisqu'il est
question de l'alimenter à partir de Mostaganem (station de dessalement de Sonaghter) et, pour l'instant, on alimente Mostaganem et sa
région à raison de 200.000 m³/j », nous explique M. Aït Amrane,
spécialiste du dossier de l'eau. Toujours selon ce dernier, «les différentes
phases de l'AEP de Tiaret vont de la période coloniale avec une alimentation en
eau par captage des sources et réalisation de forages (nappe phréatique)
jusqu'à la fin des années 1980 où la capitale du Sersou
est approvisionnée à partir du barrage de Bakhada à
raison de 630 l/s. S'ensuivit le relevage des eaux de Oued Tolba
(versant Mina), transfert vers la station d'épuration de la route de Bouchekif (versant Nahr Ouassel)
afin de dépolluer le déversement dans le barrage de Bakhada
après la suppression de la STEP de la briqueterie, à la sortie sud de la ville
». La nouvelle politique de l'eau consiste, selon notre interlocuteur, à
réserver les eaux superficielles (barrages) à l'irrigation et consacrer les
eaux de dessalement à l'AEP. « Un autre projet plus ambitieux celui-là et
nécessitant des ressources financières importantes, consiste en un transfert
massif vers les Hauts-Plateaux du centre et de l'ouest à partir de champs captants (albien) au niveau d'El Menaa
et de oued Namous, horizon 2030», conclut M. Aït Amrane.