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15 septembre, le jour d'après

par Moncef Wafi

Les manifestations populaires de ce vendredi, à une semaine de la date «souhaitée» par le chef d'état-major de l'ANP pour la convocation du corps électoral, sont une réponse claire, nette et sans ambages au fait accompli imposé par le pouvoir de fait. Depuis des mois que la rue a décidé de ne pas aller vers des présidentielles sous le haut patronage de Bensalah et Bedoui, le Haut commandement militaire, lui, persiste dans sa logique «constitutionnelle» en maintenant contre vents et marées son option unilatérale de sortie de crise. Ce dialogue de sourds qui dure depuis des mois devra trouver son épilogue, théoriquement du moins, le 15 septembre prochain nonobstant l'intransigeance du hirak et cette menace à peine voilée de recourir à la désobéissance civile.

Cette précipitation dans l'agenda de la feuille de route de l'establishment militaire semble trahir une volonté manifeste des véritables tenants du pouvoir de revenir à l'anonymat premier qui les a toujours préservés de toute publicité, bonne ou mauvaise fût-elle. Le nom de quelques commis d'Etat commence sérieusement à circuler, faisant d'eux de parfaits alibis pour perpétuer le système tant honni. Le fait même d'assujettir le dialogue au seul panel de Karim Younès est, pour beaucoup de citoyens, une preuve supplémentaire de la négation d'une démocratie promise par les promoteurs des présidentielles. Les Algériens, ou du moins ceux qui revendiquent une deuxième République, n'ignorent pas que si élection il y a dans les conditions actuelles, le pays risque de revenir à la case départ quand on sait qu'aujourd'hui toutes les libertés individuelles sont sérieusement menacées et les espaces d'expression réduits à leur plus simple expression alors que les mesures d'intimidation se multiplient.

Se basant sur la loi électorale, il est toujours bon de rappeler qu'il suffit qu'un seul candidat se présente comme il suffit d'un seul électeur pour valider le vote. Si pour le 18 avril et le 4 juillet derniers les choses étaient différentes, le scrutin de décembre, si les échéances sont respectées, peut présager d'un autre scénario, plus hypothétique pour l'avenir de l'Algérie.