Envoyer à un ami | Version à imprimer | Version en PDF

USM Témouchent: Le club des cinq martyrs fête son accession

par Saïd Mouas

C'est au stade omnisports Oucief Omar que s'est déroulée la cérémonie organisée en l'honneur de l'équipe de l'USMT promue en Régionale, autour de Mme le Wali, Ouinez Labiba, du chef de daïra et des élus, ainsi que des ex-internationaux comme Meçabih Ali, des anciens joueurs comme Benchiha Nacer du MCO, Baghdad Seghir et beaucoup d'autres. C'est ainsi que l'USM Témouchent étrennera son nouveau statut de pensionnaire de la Régionale qu'elle a quittée 15 ans auparavant. Le martyr Embarek Boucif qui a donné son nom au mythique stade n'est autre que l'ancien gardien de but du club des années 30. C'est dire que l'histoire de l'USMT se confond avec les grandes étapes qui ont marqué le mouvement nationaliste.

Créé en 1933, le club musulman ne sera affilié à la ligue d'Oran que le 29 juin 1936 après une fusion avec l'ESMT survenue en 1935. Ses premiers responsables ont pour noms Belhachemi Riah, Riahi Abdellah dit « Bio », Bouzina Kadda, Bouteflika Mohamed, Ammour Mustapha dit « Tonton », Hadj Kaddour Djillali, Brahimi Pierrot, Charles Djian, Benslimane Mohamed et Chouiref Mohamed. Le siège social du club était situé dans un local appartenant à la veuve Khelladi Benfodda née Nemiche Badra.

Entre 1936 et 1939, l'équipe drivée par Benfodda Abdelkader dit « Bekka » et composée de grands joueurs tels que Bencharmit Boumedienne, Smahi Bouhadjar, Benkrit Sid dit « Lakit », Cheriet Mohamed dit « Trétez », Ramdani Mohamed (le célèbre vendeur de beignets), Bentria Houari dit « Dubus », Elaoufi Mohamed, Ramdani Ghaouti, Bensahih Mankour, Benzidour Djelloul, Belouadi Laâla, Belhadj Bouchaib (membre du groupe des 22) et Belhouti Mohamed, sillonnera toute la région pour propager le message de la cause algérienne car, sous le sigle sportif, se cachait en vérité une militance politique qu'encourageait le PPA de Messali Hadj.

A la fin de la deuxième guerre mondiale l'USMT s'illustra sur les terrains avec une nouvelle génération de sportifs actifs dans plusieurs disciplines comme la boxe, le cross, le cyclisme ou la gymnastique et l'haltérophilie. Une véritable école de nationalisme naîtra après la création du PPA/MTLD dont le noyau sera constitué par Briki Djelloul, Bouchaib Mohamed, Fardeheb Hacène, Temimi Mohamed, Belghomari Boualem, Ait Zaouche, Bahmani, Kadi Hanifi, Borsali si Breik et Benfodda Kouider, le club de l'USMT fournira l'essentiel des militants en maillot vert et blanc. Vers la fin des années quarante, le martyr Larbi Bendjerrid assurera la présidence de l'USMT qui reviendra par la suite au joueur-entraîneur Benkadda Bachir plus connu sous le sobriquet de «Kiki». Ce dernier, également champion de boxe, fera preuve de beaucoup de dévouement. Le déclenchement de la Révolution en 1954 obligera l'ensemble des clubs musulmans à cesser toute activité.

Au lendemain de l'indépendance, l'USMT, saignée à blanc par la guerre de libération après la disparition de ses sportifs tombés au champ d'honneur en l'occurrence Bendjerrid Larbi, Djaâlab Aziz, Embarek Boucif, Ammour Ahmed et Miloud Boutlélis, ajoutée à l'emprisonnement de la plupart de ses sociétaires, ne ressuscitera qu'en 1988 grâce à la persévérance de Benkadda Bachir aidé de ses fils Saïd et Nacer. Il passera le témoin au premier nommé en 1999, lequel fils conduira l'équipe en Régionale à l'issue de la saison 2004/2005. Le club connaîtra des difficultés financières et un autre staff dirigeant. Relégué en division inférieure, il goûtera aux affres du purgatoire durant plusieurs années avant sa reprise en main par le même Benkadda Saïd en juillet 2018, assisté de deux entraîneurs, à savoir Sebbar Mohamed et Haddou Mohamed qui ont réussi à galvaniser le moral de l'équipe menée par les Rédouane, Sebbihi, Mouffok, Zinou, Nitou, Rahim, Aounallah, Bencherif, Cheriet, Gharbi.

Le président Benkadda Saïd s'est déclaré très satisfait des résultats obtenus. Il a tenu à remercier le SG Benaissa Walid, Achour Abdelkrim et Drif Noureddine dit El-Habbacha pour leur apport financier et leur disponibilité. Avec les aides promises par le fonds de wilaya, l'APC et la DJS, le digne successeur de son père à qui il a dédié cette accession, espère éponger les dettes du club.

Ce qui est sûr, c'est que l'USMT est en train de rallier à sa cause de nombreux supporteurs. Plus qu'un symbole, l'équipe des cinq martyrs veut conquérir les cœurs.