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Cap sur le 4 juillet

par Moncef Wafi

Le chef de l'Etat par intérim persiste et signe dans la feuille de route tracée par l'état-major de l'Armée nationale populaire (ANP). Dans sa lecture stricto sensu de la Constitution, particulièrement de l'article 102, l'actuel pouvoir décisionnel s'est engagé sur une voie frappée d'un sens interdit, refusée par la majorité des acteurs politiques de l'opposition et catégoriquement rejetée par les millions d'Algériens qui s'expriment tous les vendredis à travers leur marche contestataire hebdomadaire.

Le discours de Bensalah du dimanche soir peut se résumer à une annonce, celle du maintien de la présidentielle pour le 4 juillet prochain. N'offrant aucune autre alternative, il estime que cette option est la seule envisageable pour le moment et invite de nouveau au dialogue sans autres précisions. Si sa première initiative avait lamentablement échoué, sera-t-il entendu cette fois d'autant plus qu'une partie de l'opposition s'est montrée disponible au dialogue sous la férule de l'ANP ? Cette obstination à vouloir imposer une élection rejetée unanimement ne puise sa force que dans la volonté de Gaïd Salah de conduire le pays vers une sortie de crise en respectant la Constitution afin d'éviter de prêter le flanc à toute autre interprétation qui pourrait se retourner contre son action.

Cependant, et vu comment les événements se sont précipités, les Algériens étaient en droit d'espérer un autre discours que celui tenu par Bensalah. L'arrestation de ce qu'on peut appeler la matière grise de la résistance du clan présidentiel aurait dû suggérer une tout autre tournure à la suite des choses mais force est de constater que l'implication du frère de l'ex-président et des deux anciens responsables du renseignement algérien dans un complot contre l'armée n'a finalement eu aucun impact sur l'agenda politique imposé aux Algériens. Les Algériens pensaient qu'avec l'interpellation de Saïd Bouteflika, présenté comme l'un des tenants du pouvoir anticonstitutionnel, ces décisions antérieures, principalement la désignation de Bedoui comme Premier ministre, allaient être annulées de facto.

Un gouvernement «anticonstitutionnel» explique l'opposition qui devra mener des élections qu'on promet, en haut lieu, propres et libres alors que, paradoxalement, ceux qui sont censés donner des garanties sur ce scrutin sont ceux qui étaient en place quand la fraude était la seule constante dans les rendez-vous électoraux. Et c'est cette duplicité que dénoncent les Algériens qui n'arrivent toujours pas à comprendre une situation ubuesque où le donneur d'ordres est arrêté et ses ordres ainsi que ses hommes sont chargés d'organiser la transition.