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Au premier jour du ramadhan: Le commerce informel envahit le marché d'Aïn El-Turck

par Rachid Boutlelis

  A l'instar des précédentes années et malgré toutes les dispositions prises par les services concernés, le marché d'Aïn El-Turck est envahi par une nuée de marchands activant dans l'informel, notamment durant le mois sacré du jeûne où tout se vend et s'achète. Les quelques rares espaces inoccupés avant le ramadhan ont vite été squattés par des revendeurs de gâteaux orientaux, de poisson et autres étals de la viande provenant de l'abattage clandestin. Outre le marché, en ce premier jour du ramadhan, l'informel s'est réinstallé en force, spontanément, dans les rues et les boulevards de la municipalité d'Aïn El-Turck. En effet, une multitude de revendeurs à la sauvette, proposant à la vente toutes sortes d'articles ménagers, des vêtements, de la viande provenant de l'abattage clandestin et surtout des pâtisseries orientales, ont fait leur apparition dans différentes zones de ladite municipalité, notamment aux abords du marché des fruits et légumes et sur les lieux publics. Cette transgression, où le strict minimum d'hygiène est inexistant, a engendré une anarchie incontrôlable dans la circulation automobile et piétonnière. Chaque année à la même période, la pâtisserie orientale s'adjuge le titre de reine de l'informel à Aïn El-Turck. Dès l'entame du mois de ramadhan, ces gâteaux traditionnels sont proposés à la vente par des revendeurs à la sauvette sur des tréteaux de fortune, installés sur les trottoirs des rues et des boulevards ainsi que sur les places publiques de ladite municipalité. Cette infraction aux règles élémentaires en vigueur, édictées dans le code des activités commerciales, n'émeut plus personne et semble même, à priori, être tolérée et ce, en dépit des conséquences indésirables sur la santé publique. Dans la municipalité d'Aïn El-Turck, à l'instar des trois autres que compte cette contrée, ils sont des dizaines de jeunes et moins jeunes à se reconvertir, durant ce mois sacré, en revendeurs de ce genre de sucreries, qui sont souvent préparées dans des ateliers clandestins ou dans des maisons et ce, en violation de toutes les conditions d'hygiène relatives à cette activité. Et comme le ridicule ne tue point, nombre d'autres gérants d'établissements de commerce n'hésitent pas à exploiter l'aubaine en réorientant leur activité initiale pour proposer à la vente ces gâteaux traditionnels. Du coup, restaurants, pizzerias et salons de thé, entre autres, garnissent leurs comptoirs avec des plateaux d'un éventail varié de pâtisseries orientales à base de semoule notamment et autres douceurs, très prisées chez le jeûneur et par les essaims d'abeilles et de mouches également. Là où le bât blesse réside dans le fait que le revendeur ne daigne pas assez souvent ôter l'abeille enivrée de miel, qui s'est engluée dans la semoule trempée et sert le tout au client et ce, comme s'il s'agissait d'une cerise sur le gâteau. « Je n'aimerai surtout pas être à la place de celui qui avale une abeille avec la sucrerie. J'imagine un peu l'effet. Ce n'est certainement pas du tout drôle », a ironisé un vieux riverain médusé, en jetant un regard sidéré sur les étals achalandés d'un revendeur à la sauvette, autour desquels bourdonnaient des essaims d'abeilles, en plein cœur de la municipalité d'Aïn El-Turck. Cette activité informelle est également répertoriée dans le principal marché des fruits et légumes de ladite municipalité, devenu trop exigu et où l'anarchie règne en maître absolu. Ces abords immédiats sont logés à la même affligeante enseigne en plus des considérables désagréments causés à la circulation automobile et piétonnière. Il importe de noter que ce souk devait en principe être évacué au lendemain de la distribution des bénéficiaires des box du marché de proximité, situé dans le quartier Nakhil, près de deux années auparavant et de contribuer ainsi à annihiler un tant soit peu l'informel. Les bénéficiaires ont refusé de s'installer dans leur nouveau lieu de travail, en invoquant l'état de dégradation avancée dudit marché de proximité. L'informel ne se résume malheureusement pas uniquement à la vente de la pâtisserie orientale durant le mois de carême mais à d'autres activités commerciales qui se pratiquent en violation des règles élémentaires en vigueur édictée par le code du commerce. Il s'identifie toute l'année à travers le squat des trottoirs par des tréteaux de fortune et les extensions illicites, débordant assez souvent sur la voie publique, qui, ironie du sort, n'agressent désormais plus le regard du badaud.