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Tribunal criminel d'Oran: Un quintal de kif qui vaut 7 et 15 ans de réclusion

par M. Nadir

  Le Tribunal criminel de 1re Instance d'Oran a condamné mercredi dernier, 2 sexagénaires à 07 et 15 ans de détention pour trafic de drogue portant sur 95,6 kg de résine de cannabis.

B. Brahim, courtier en automobiles, âgé de 59 ans, et M. Ali, entrepreneur âgé de 64 ans, reconverti dans l'agriculture, tous les 2 vivant dans la localité de Remchi, wilaya de Tlemcen, avaient été arrêtés, en avril 2017, à l'issue d'une enquête conduite par les Services de sécurité sur un réseau spécialisé dans le commerce de drogue entre le Maroc et d'autres pays via l'Algérie. En clair, M. Ali - qui avait des connexions avec les narcotrafiquants marocains - se chargeait d'introduire la résine de cannabis sur le territoire national, à Maghnia et B. Brahim avait pour mission de la convoyer jusqu'à Blida, où des complices devaient la transporter jusqu'à Annaba pour, en fin de parcours, être exportée à l'étranger.

Ce maillon du réseau a été neutralisé grâce à une opération d'infiltration qui a permis l'interpellation, en flagrant délit, de Brahim et l'interpellation ultérieure de M. Ali et 2 autres personnes, en l'occurrence B. Hichem, 31 ans (par ailleurs poursuivi dans le cadre d'une autre affaire de narcotrafic) et H.A. Abdelhamid, 62 ans, tous les 2 soupçonnés de faire partie du réseau. Au cours du procès, seul B. Brahim admettra sa culpabilité en expliquant avoir sécurisé le transport de la marchandise vers Blida contre la somme de 30 millions de centimes. Toutefois, il relèvera qu'il a été embarqué, malgré lui, dans cette affaire : « Faites venir M. Sidi Mohamed (la personne infiltrée, Ndlr) et vous aurez le fin mot de l'histoire », serinera-t-il tout au long du procès pour souligner avoir été «fortement encouragé» à accepter la mission.

Les trois autres accusés ont tous clamé leur innocence, y compris M. Ali qui avait tenté de fuir par les toits lorsque la gendarmerie était allée l'interpeller, chez lui, à Remchi : «Je connais Brahim mais nous n'entretenions plus de relations depuis plusieurs années déjà », essaiera-t-il de plaider à la barre tandis que Brahim confirmera des échanges téléphoniques avec lui.

Une fois n'est pas coutume, la jeune représentante du ministère public prononcera un long réquisitoire dans lequel elle tentera de démontrer que la Cour est en présence (d'une partie) d'un véritable réseau de trafic de drogue dont chaque élément avait un rôle à tenir.

Elle s'appuiera, notamment, sur le flagrant délit, les aveux détaillés de Brahim, les connexions d'Ali avec le narcotrafic marocain -lui dont l'épouse est originaire du Maroc -, l'analyse des échanges téléphoniques entre les membres du réseau, pour requérir 20 ans de réclusion contre l'ensemble des accusés.

Comme dans d'autres procès de trafic de drogue, les avocats de la défense remettront d'abord en cause les accusations d'importation et de trafic, en bande organisée, retenues par le parquet : «Nous ne sommes pas devant une bande organisée telle que la convention de Palerme contre la criminalité l'a définie, en 2.000 », assureront-ils, demandant à la Cour d'innocenter leurs clients de cette charge.

Et alors que l'avocat de B. Brahim indiquera que son client est seulement coupable de transport et plaidera les circonstances atténuantes, ses confrères demanderont l'acquittement de leurs mandants. Au terme des délibérations, le Tribunal criminel prononcera la condamnation de B. Brahim et M. Ali à 15 et 7 ans, et acquittera B. Hichem et H. A. Abdelhamid.